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Bertha au pays des Merveilles

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Une légende assure qu’une femme de la côte de Ligurie, voyant une génisse s’éloigner à la nage et revenir fort grasse, s’avisa de suivre l’animal dans son étrange et longue course. Sur la base du récit qu’elle fit de la terre inconnue qu’elle venait de découvrir, les Liguriens s’y rendirent en nombre. Cette femme s’appelait Corsa, d’où vint le nom de Corse. Et si la légende était véridique…

1er jour : Bastia – Saint-Florent

Les passagers sont endormis lorsque les haut-parleurs du ferry hurlent : “Bonjour, il est 6h30! Nous arriverons à Bastia pour 7h30. Le ciel est clair est la température s’élève à 14 degrès….”

Nous sommes le samedi 19 avril, jour de Pâques et sa traditionnelle chasse aux oeufs, therefor “oeuf corse” bien sur 😉

Petit déjeuner sur une terrasse et c’est parti… pour Saint-Florent en passant par le Cap Corse en suivant le plus souvent possible le littoral par la D80. Le Cap Corse, patrimoine naturel sauvage préservé est aussi une région chargée d’histoire, tourmentée par les multiples invasions barbares où se regroupent plus du tiers des fameuses tours Génoises construites sur l’île afin de pouvoir alerter la population en cas d’invasion.

Le voyage est régulièrement interrompu par des visites: Erbalunga, ancien village de caractère. Remarquable par sa tour génoise ruinée qui fut constuite au XVIè siècle sur un rocher à l’entrée de son port. Erbalunga est aujourd’hui une marine agréable dans un site remarquable. Le village est devenu au fil du temps un repaire chic où artistes et notables y ont élus domicile.

 

  

Puis, petit détour pour découvrir Ruglianu et ses éoliennes surplombant le village. 

Nous passons sous le moulin Mattei, proche de Centuri au nord ouest du Cap Corse.

Petite boucle par la D253 pour “toucher” à la partie la plus septentrionale de l’île.

Nous longeons la plage de galets noirs proche de Nonza. Le village est perché sur une vertigineuse falaise verticale de plus de 100 mètres. Toute la côte située au nord du village est constituée d’une immense plage de sable et de galets noirs issus des rejets d’exploitation de l’ancienne carrière d’amiante de Canari-Abro qui fut fermée en 1965. Du coup, la Marina di Nonza a été colmatée par les rejets. Depuis la mer reprend petit à petit ses droits sur cette plage qui avait, il y a cinquante ans encore, une largeur double de celle d’aujourd’hui.

Nous passerons notre première nuit en Corse à Saint-Florent au Maloni hotel. Alexandre le patron de l’établissement nous reçoit chaleureusement. Ce brave corse tutoie tout le monde et donne à sa résidence une atmosphère plus que familiale. 19 heure tapante, c’est l’heure de l’apéro. Tous les convives se retrouvent autour d’une table pour un moment de convivialité et de rigolade.

Saint-Florent est une petite bourgade bâtie à fleur d’eau sur une pointe basse qui s’avance au fond du golfe, l’un des plus beaux de la mer Méditerranée. Ancienne sité génoise, couronnée par sa citadelle, est aujourd’hui une grande station balnéaire.

Sa citadelle constuite en 1493 par Janus Campofregoso fut une des premières positions occupées par Gênes. Son originalité est aujourd’hui reconnue par les connaisseurs et figue depuis 1948 dans l’inventaire des sites pittoresques.

« U mio paese o ghjente cari un’è solu sole e mare… » Selon une célèbre chanson du non moins célèbre groupe corse I Muvrini, « mon village m’ est très cher mais est pas seulement le soleil et la mer … »

 

2ème jour : Saint-Florent – Galéria

Départ de Saint-Florent pour une traversée du Désert des Agriates jusqu’à Lozari. Communément et hâtivement appelée «Désert des Agriates», cette région sauvage est superbe. Il s’y mêle de longues crêtes rocheuses et des valons tapissés de maquis. Cette partie d’île verte et fleurie n’a rien d’un désert… ça sentait bon sous le casque.
Ces terres qui furent aux siècles passés largement cultivées, au point d’être surnommées « le grenier à blé » par les voisins du Cap-Corse qui s’y rendaient en barque, étaient également chaque année le théâtre des transhumances de la micro-région.

le Désert des Agriates offre également des plages exceptionnelles aux eaux limpides. A l’horizon, on aperçoit toujours la mer et les belles plages de Saleccia et de Loto. Nous n’avons malheureusement pas le temps de les inclure au programme. Nous poursuivons notre route vers le sud.

Sur la route, nous faisons halte dans une petite buvette pour prendre un café. La terrasse surplombe la mer et la vue est magnifique. Le tenancier, sympathique, nous propose de nous éloigner du bord de mer pour découvrir des villages plus « authentiques ». Fort de son conseil, nous prendrons la « route des artisans ». 

Belgodère, Occhiatana, Speloncato, autant de villages typiques sentant bon la vie et où les prix ne sont pas encore majorés selon que l’on soit touriste ou non. Belgodère fait partie des villages balcons de Balagne, nom donné aux villages perchés dans la montagne dans l’arrière-pays de L’Île Rousse. Il se situe au croisement de la N2197 avec la D71 et domine la vallée du Regino. Son origine remonte au Moyen-Âge quand les îliens devaient se protéger des attaques barbaresques. En 1268, le marquis de Massa trouva la position stratégie et apprécia la vue sur la mer qui permettait de voir arriver les bateaux ennemis. Il fit fortifier le lieu et s’y installa.

Après avoir garé la “grosse” au pied des remparts de la citadelle, nous explorons ses contreforts.

A l’écart des badauds, nous trouvons un endroit privilégié pour nous restaurer sur une dalle de granit, bercé par le bruit des vagues.

Nous rejoindrons Galéria par la D81B. Alors commence, une route étroite et sinueuse. Echancrure taillée dans les rochers faisant communiquer toutes ces étroites vallées tombant dans la mer au milieu d’éboulements de pierres. De loin, celà ressemble à des scories, tellement elles sont boursouflées et remplies de cavités, souvent pleines d’une terre rougeâtre oû poussent quelques brins d’herbe.

Vu l’état du camion, c’est pas certain que le goudronnage soit poursuivi dans l’immédiat…

3ème jour: Galéria – Marina

Nouvelle étape, nouveau tableau… juste magnifique. Eperons rocheux totalement rouges, eau translucide et petite plage claire…

Au col de Parma, le paysage devient féerique : on a à ses pieds les eaux calmes du golfe de Girolata. Ce golfe étonne par la sauvagerie de ses côtes escarpées et la brusquerie de ses découpures. Il est ceint tout entier d’une muraille sanglante de granit rouge, et dans la mer bleue ces rochers écarlates se reflètent.

Le golfe de Porto, que l’on découvre ensuite après avoir franchi le petit col de la Croix, est encore beaucoup plus beau… Les rochers noirs alternent avec les granits rouges et donnent un cachet particulier à toute cette région, sans aucun doute, une des plus belles de Corse, pour celui qui n’est pas l’ennemi des couleurs flamboyantes et de la nature sauvage.

La route D81 relie le village de Porto à celui de Piana. C’est une route sinueuse qui passe à travers des roches de couleur rouge-orangé dont on pourrait croire qu’elles ont été taillées à coups de hache et sculptées au burin. Depuis la route, la vue est souvent assez dégagée pour permettre d’admirer la mer surmontée de hauts récifs, comme c’est le cas sur la majeure partie de la côte ouest de l’île.

Le village de Piana marque l’entrée des calanques appelées Calanche de Piana, un véritable chaos de granit rouge érodé.

Une tour génoise venue de nulle part offre un point de vue rêvé sur ce panorama et sur l´océan de maquis qui l´entoure.

Peu après Porto, nous ferons une petite halte, histoire de laisser passer le grain qui menace. Repas de midi sur la plage de Cargèse. Personne sur cette plage de sable fin… je n’ose pas imaginer au cœur de juillet…

L’arrivée a Marina di Lava est étonnante. On pourrait presque croire que l’on visite la Bretagne. Les vaches y paissent paisiblement et une route vallonnée nous conduit à la mer.

  

 

 

 

 

 

 

 

 

 

4ème jour : Marina – Bonnifacio

A l’hôtel, on nous avait assuré que l’on rejoindrait Ajaccio en une vingtaine de minutes. C’était sans compter sur notre volonté de visiter l’arrière-pays.

Nous rejoindrons le Capo di Feno en suivant la D11B… seul au monde sur une plage de rêve

Puis, cap vers les Iles Sanguinaires à la sortie d’Ajaccio!

Allures de bout du monde, paysages époustouflants, vue sur les « fameuses » îles Sanguinaires composées de 4 îlots. Il ne manque qu’un magnifique coucher de soleil sur les roches rouges pour nous laisser envoûter par la magie des lieux !

A quelques minutes à peine du centre-ville, après quelques virages, la route s’arrête pour laisser place à la pointe de la Parata et sa Tour Génoise.

 

 

Nichée entre le golfe d’Ajaccio plus au nord sur la côte ouest de l’île et l’extrême sud, la région du Valinco est l’alliance parfaite entre magnifiques plages et criques de sable fin et nature préservée avec maquis luxuriant. C’est l’occasion de casser la croûte bercé par le bruit des vagues. La plage est à nous… privilège incroyable.

 

 

 

 

 

La route qui suit la côte sud du golfe s’élève assez rapidement à travers une série de ravins aux pentes abruptes et remplies d’une végétation des plus luxuriantes. On dirait des cascades de verdure se précipitant dans le golfe, aux eaux bleues frangées d’écume.

 

 

 L’arrivée à Bonifaccio est des plus surprenante. Au sortir du maquis la marina nous accueille. Les badauds arpentent le port, l’œil envieux, scrutant ces bateaux de luxe offerts à « qui ne peut pas les prendre ». Bonifacio, la Cité des falaises, est entourée de fortifications qui ont protégé au fil des siècles, la haute ville des attaques des assaillants.

 

 

 

 

Au pied de la citadelle, entre la montée Rastello et la montée St Roch, un belvédère offre une vue étendue sur le large et les hautes falaises calcaires de la ville. On perçoit au loin le cap Pertusato ainsi que sur le célèbre “grain de sable”, un gros rocher isolé résultant d’un éboulement de la falaise et “l’U Diu Grossu”, le gros doigt, qui s’est décroché de la falaise et s’est planté dans la mer, il est devenu îlot.

 

 

 

 

 

 

De là, un escalier descend au pied des falaises vers la petite plage de Sutta Rocca. La vue des remparts et des maisons de la citadelle en surplomb des falaises est très impressionnante.

La haute ville offre des points de vue imprenables sur les falaises de calcaire rongées par la mer. A travers les ruelles étroites surplombées de nombreux aqueducs, les hautes maisons aux façades blanches se dressent à l’infini et nous plongent dans les vestiges d’un passé millénaire.

Vu de la mer, la falaise de Bonifaccio semble rayée de part en part. C’est l’Escalier du roi d’Aragon : taillé par l’homme directement dans le calcaire et composé de 189 marches. Cet escalier aurait, selon la légende, été creusé en seulement une nuit par les troupes du roi d’Aragon lors du siège de Bonifacio de 1420. Plus probablement creusé sur une durée plus longue par les moines franciscains pour accéder à une source d’eau potable située en bas de l’escalier.

 

5ème jour : Bonnifacio – Quenza

Nous profiterons de la matinée pour visiter les alentours de cette ville forteresse. Pour qui sait s’écarter quelque peu des sites touristiques, la Corse peut vous réserver des surprises de taille.

C’est sur les traces des pèlerins de l’Ermitage de la Trinité que nous nous dirigeons. Les tramizi, hauts murs quadrillent la campagne et dessinent les anciens jardins. Des dalles bosselées, polies par des siècles de passages nous conduisent, sous l’ombre des oléastres, oliviers sauvages, à l’anse de Paragan où calcaire et granite se rencontrent.

 

 

Ici, les feuilles de posidonie, plante marine, déposées l’hiver en épaisses banquettes protègent les rivages.

 

 

 

 

 

Plus on avance, plus le vent souffle, plus le maquis se recroqueville. Vers la pointe, le vent se fait jardinier. Comme un beau diable, il taille et peigne le maquis qui se tapit derrière les taffoni.

 

 

 

 

Dès l’entrée de la crique de Fazziò avec ses deux îlots, sanctuaires naturels, nous entrons dans un univers de calcaire. Le sol est dur, rocailleux. L’astérolide maritime et l’astragale de Marseille, en coussin épineux, se jouent de la sécheresse et du vent.

… piscine naturelle, cristalline, une étroite ouverture appelle vers le large… … baie, petite mer intérieure, se révèle dans un écrin de bleu.

Ici, c’est le maquis, l’impénétrable maquis, formé de chênes verts, de genévriers, d’arbousiers, de lentisques, d’alaternes, de bruyères, de lauriers-thyms, de myrtes et de buis, que relient entre eux, les mêlant comme des chevelures, les clématites enlaçantes, des fougères monstrueuses, des chèvrefeuilles, des cistes, des romarins, des lavandes, des ronces, jetant sur le dos des monts une inextricable toison. Le traverser, c’est se garantir de nombreuses griffures et écorchures.

Balisant l’entrée du goulet de Bonifacio, la Madonetta désigne à la fois le phare et le rocher sur lequel il est construit. Son nom provient de la petite statue de la Madone qui avait été posée dans une niche sur le rocher par des pêcheurs il y a très longtemps. Le phare a été mis en service en 1854.

Ainsi, il veille sur le chenal où la navigation y est dangereuse, pour preuve le terrible naufrage de la Sémillante avec ses 750 victimes en 1855.

… Donc, peu de kilomètre aujourd’hui, mais des images plein les yeux.

Visite au barrage de l’Ospédale et nous ferons les derniers vingt kilomètres sous une pluie battante.

Nous traversons une épaisse forêt qui cesse au bout d’un temps. Elle est dominée par une arête de rochers curieusement découpés en vastes aiguilles dénudées, s’élevant d’un seul jet au-dessus de cet océan de verdure qui ne se termine qu’au niveau de la mer…

6ème jour : Quenza – Corte

 

Départ pour Corte, mais avant nous souhaitons faire un passage sur les hauteurs, histoires de rendre visite à la Madone des Neiges ainsi qu’aux aiguilles de Bavella. Les couleurs matinales y révèlent des jaunes et des oranges splendides.

 

 

Une multitude de pics rocheux aux formes déchiquetées couronne la montagne et l’immense forêt de pins.

Puis ce sera le col de Verde, celui de Sorba.

Et dire qu’il y en a qui cherche toujours la tête… hein, Charlotte …?

Attention ! cochons, chèvres et moutons s’y promènent librement… une réalité toute Corse… qui a son charme.

7ème jour : Corte – Bastia

 

Dernier jour en Corse. Nous rejoignons le port de Bastia par la N193, nous embarquons à midi. Nous dormirons ce soir en Ligurie, histoire de prolonger un peu…

 

 

 

 

 

 

C’était franchement une balade du tonnerre. Aucun souci, aucune panne… juste… merveilleux. Le choix de privilégier des parcours pas trop long en terme de kilomètres, c’est avéré judicieux, il nous a donné la possibilité de nous « écarter » des axes principaux pour découvrir des routes bien sympas.

Nous ne saurons certainement jamais si la vache Corsa s’est rendue sur l’île, mais nous savons qu’il y fait bon vivre….

 

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