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Iran, mehr 1397 ou la Perse éternelle (1ère partie)

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Voyage en Iran, voyage dans le temps… Il y a les vestiges de Persépolis, les tours du silence et les temples du feu des zoroastriens. Il y a les palais et les mosquées à coupoles, les volutes bleues des céramiques, il y a les cités de désert, les caravansérails, les jardins et les vergers. L’Iran, au carrefour entre l’Europe méditerranéenne et l’Asie, nous offre un merveilleux héritage archéologique et culturel. Son histoire très ancienne est marquée par de nombreuses migrations, par l’installation de puissantes civilisations et a connu le premier grand empire mondial sous Cyrus. La Perse est le berceau d’une des plus vieilles nations de l’histoire.
Voyager en Iran, au-delà de la fascination pour les sites historiques et la beauté des paysages, c’est aussi découvrir le mode de vie des Iraniens, un peuple attaché à ses traditions mais également épris de modernité avec une jeunesse frondeuse, avide de liberté. Derrière le voile de la république islamique, une des plus riches civilisations au monde, au passé et au présent, se cache un peuple souriant et hospitalier, curieux du monde.

Une trace supplémentaire s’est inscrite en 2018.

                                                                                                          15/09-19/10/18                                                                                                                                                                                                    13’744 km

Mehr 1937

Le calendrier iranien (ou persan) est solaire. Il descend des calendriers zoroastriens de la Perse pré-islamique.  Il ressemble au calendrier julien, avec quelques différences. Les semaines de 7 journées, l’année est constituée de 12 mois, et les deux calendriers prévoient des années bissextiles, des années avec un jour de plus. Cependant, la répartition des jours dans les mois et des années bissextiles diffère de notre calendrier. Il est plus précis que le calendrier grégorien, pourtant plus récent. Nous nous trouvons dans l’année 1397 et mehr,  le mois de la bonté, de la loyauté et de l’amour, équivaux à celui de septembre, du calendrier grégorien.

 

L’Iran, ce pays fait peur, combien de fois ai-je vu des regards surpris lorsque je disais que j’y allais. « T’as pas peur avec tout ce qui se passe en ce moment? » Prononcer le mot “Iran” dans son entourage en évoquant sa prochaine destination est à coup sûr le meilleur moyen d’entendre en retour les mots “fou”, “terroristes”, “bombe atomique”, voire “otage”. Très peu évoqueront au contraire la chance de rendre visite à l’une des plus anciennes civilisations humaines et à une population célébrée comme l’une des plus hospitalières par ceux l’ayant déjà côtoyée. L’image très dégradée dont souffre le pays ne saurait pourtant faire oublier son immense potentiel socio-culturel ; un potentiel qui pourrait tout à fait lui sourire à moyen terme.

On peut réprimer la politique qui sévit là-bas, refuser de porter le voile en tant que femme, mais Il n’y a pas de mauvais endroits quand on voyage pour rencontrer les gens. Tout visiteur doit être capable de faire la différence entre les citoyens d’un pays et son gouvernement. Il est donc légitime de voyager dans un pays dont on n’approuve pas la politique, ne serait-ce que pour rencontrer ce peuple qui, la plupart du temps ne fait que subir. Et le peuple iranien est généreux, attachant, cultivé et paradoxal.

Préparatifs

Question formalités, rien de sorcier. Au printemps dernier, je me suis rendu auprès de la police pour faire un relevé d’empreintes. Quelques semaines plus tard, j’envoyais les documents nécessaires à une agence pour l’établissement du visa. Trois semaines plus tard, j’avais mon visa en poche. Il me restait alors plus qu’à commander un carnet de passage en douane afin de pouvoir entrer par la frontière iranienne avec Epona, ma moto.

De la Suisse à la frontière iranienne

ferry départ d'ancone pour igoumenitsa

Pour ce trip, prévu initialement en solo, s’est joint Dom. Nous quittons la Suisse tôt le matin, car nous souhaitons rejoindre Ancône, où un ferry nous attend dans l’après-midi pour rejoindre Igoumenitsa en Grèce. Les routes grecques sont belles et nous aimerions pouvoir sortir de l’autoroute pour découvrir ces montagnes, le bord de mer ou les Météores mais d’autres horizons nous attendent, nous filons.

L’entrée en pays Ottoman reste un moment fort du voyage. J’éprouve le privilège que j’ai de pouvoir entreprendre ce voyage que j’avais tant espéré, désiré. Le continent asiatique est à quelques tours de roues. Le passage du détroit des Dardanelles, nous permet d’éviter les embouteillages d’Istanbul.

La route jusqu’en Iran, n’a rien de “sexy”. Notre but est de rejoindre Bazargan le plus rapidement possible. Des kilomètres de bitume défilent à la vitesse moyenne de 100km/h. Les longues lignes droites se succèdent aux longues lignes droites bordées de champs de céréales et 3200 kilomètres plus loin, après Alexandroupoli, Eskisehir, Sivas, Agri, nous voici à Dogubayarzit dernière localité turque avant notre entrée en Iran.

sur les routes d'iran

sur les routes d'iran

sur les routes d'iran

Le Mont Ararat s’impose. Qui ne l’a pas vu sur la page d’accueil de son ordinateur? Je le vois pour de vrai, je suis devant… C’est le paradoxe d’Ararat. On ne voit que lui, même si on ne le voit pas. L’ancien volcan, bloc de lave et de glace, se dérobe à nos regards autant qu’il s’impose à nos esprits. Impossible d’apercevoir le sommet (5 137 mètres), dissimulé par une couronne de nuages. L’auréole plafonne à 4 000 mètres. Obstinément. Dessous, une écharpe neigeuse, barre horizontale et rectiligne, ceint la montagne jusqu’à 3 000 mètres. Encore plus bas, ses gigantesques fondations (250 kilomètres de circonférence), amas de rochers noirs et de sombre caillasse, viennent écraser le plateau de leur masse compacte.

le mont ararat

1er jour en Iran: Dogubayarzit – Ourmia

Le hasard du calendrier fait que nous nous présentons à la douane iranienne le jour de l’Achoura. C’est un évènement très important en Iran. Une période de deuil qui s’étend sur 40 jours, jusqu’à l’Arbaïn. Le courant musulman chi’ite considère l’Achoura comme étant le jour de la commémoration de la mort d’Hussein, fils de Ali Ibn Abu Talib, le cousin et gendre du prophète Muhammad et de sa fille Fatima. Enfin, bref… pour résumer, c’est un jour de fête et il y a peu de monde à la frontière.

Les chauffeurs de poids lourds attendent patiemment la fin des festivités et nous pouvons tranquillement arpenter un bureau puis un autre pour passer aux différents contrôles. D’abord le passeport, puis encore le passeport, puis un douanier en civile qui atteste l’apposition des tampons, puis le carnet de passage en douane, puis à nouveau une signature qui atteste que les vérifications ont bien été effectuées et pour finir un petit examen des bagages et du numéro de chassis du véhicule. A la manière dont certains douaniers lisent les différents documents, je ne suis pas persuadé qu’ils comprennent quelque chose. Toujours est-il que tout cela reste bien solennel et que nous n’avons pas l’envie de jouer aux fanfarons.

La lourde grille s’ouvre enfin. « Welcome to Iran », c’est une phrase que nous entendrons beaucoup lors de notre voyage.

Nous voici en Iran! Bazargan, première ville iranienne que nous rencontrons. L’émotion est perceptible, nous nous trompons de route. Très vite, un autochtone nous montre de la main la direction à prendre. Il a compris que nous ne sommes pas dans la bonne direction… nous pas encore. On fait demi tour et prenons la direction de Khoy.

L’heure avance. C’est l’Achoura et les banques sont fermées. Nous n’avons pas un rial en poche. On se renseigne pour trouver du change. Les occupants d’une voiture nous proposent de les suivre. Ils ont deviné ce que nous cherchons. Nous les suivons. Dans un rond point, un motard juché sur sa machine cherche à nous dépasser. Dans un premier temps, nous pensons qu’il est de la bande. On se rend compte assez vite que quelque chose ne fonctionne pas comme prévu. Il nous arrête. En exhibant une vague carte officielle, il se déclare être un représentant d’une autorité policière. Contrôle des passeports… sueurs froides… La foule conserve une certaine distance et tout le monde n’a pas l’air d’apprécier la venue du personnage.

Pendant ce temps, nos “guides” ont ouvert une échoppe et s’activent à sortir une machine à extraire les jus de fruits.  Le thé est servi. Nous gouttons aux premières expériences de l’accueil iranien pendant que dans l’arrière boutique, le change s’opère. Nous voici millionnaire!

C’est l’heure des premiers selfies. Ils y en aura des centaines tout au long de notre trip.

En fin de journée, nous arrivons dans la ville d’Urmia. Nous cherchons un logement pour la nuit et nous tombons par hasard chez “Hossein Guest House”. Hossein est connu du milieu des “voyageurs”, nous sommes ravis de faire sa connaissance. Nous dormirons dans sa chambre, alors que lui prendra le canapé du salon. Mais pour l’instant, c’est l’heure de nous restaurer et Hossein nous conduit dans un restaurant qu’il connaît bien. Conduire en Iran n’est déjà par une mince affaire, mais là, s’est un mélange de rallye et de rodéo. Combien de fois avons-nous fermé les yeux, serré les fesses et retenu notre souffle? Heureux survivants de cette conduite “héroïque”, nous finissons notre soirée en spectateurs des festivités de l’Achoura.

Durant cette période, des groupements volontaires et bénévoles sous la direction le plus souvent des mosquées de quartier se forment. Vêtus de noir, ils se préparent pour défiler en ville au rythme de tambours et de chants religieux, s’infligeant des coups sur le dos à l’aide de petits fouets prolongés de chaînes afin de se remémorer le martyr vécu par Hussein. En Iran, les flagellations jusqu’au sang, ont été interdites par une Fatwa de l’Ayatollah Khomeini.

hossein guest house

Hossein fait partie de cette jeunesse iranienne assoiffée de liberté, prête à prendre tous les risques face aux impitoyables gardiens de la révolution islamique. La preuve d’une résistance sourde, mais bien vivante. Ici, la loi islamique ne semble pas s’appliquer comme ailleurs. Hossein exhibe sa voiture de luxe, nous montre ses photos, ses films où nous le voyons chevauchant un “sportive” à plus de 200km/h. Il a également compris qu’en maîtrisant l’anglais, il peut s’assurer un emploi lui garantissant un revenu plus qu’intéressant. Dans tous les cas, il sait que “bizness is bizness”.

2ème jour en Iran: Ourmia – Tabriz

Vénéré et surnommé « le solitaire turquoise de l’Azerbaijan » par les Azéris, le lac d’Ourmia était le deuxième plus grand lac salé du Moyen-Orient, juste derrière la mer Caspienne. Un véritable paradis pour les oiseaux et les baigneurs. Sous l’action de la nature et de l’homme, ce joyau s’est considérablement rétréci. Au cours des 30 dernières années, le lac a perdu 80 % de sa superficie. Les flamants roses qui se nourrissaient des artémies désertent les lieux, tout comme les pélicans, les aigrettes et les canards. Même les touristes qui affluaient pour les eaux chaudes et hypersalines du lac d’Ourmia se tiennent désormais à l’écart. C’est pourtant la destination prévue pour ce début de journée.

le lac salé d'orumia en iran

De la route bordant l’immense étendue salée, nous  cherchons une voie possible pour nous en approcher au plus près. Une vague piste semble nous indiquer le chemin, jusqu’au moment où… de profondes ornières, du sable viennent nous prévenir d’une possible chute imminente. Nous renonçons… pour le moment.

sur la route proche du lac salé d'orumia

Plus loin, nous trouvons une solution à cette énigme et c’est en “douceur” que nous parquons nos machines tout proche de l’eau… du sel. reflet sur le lac sale d'orumia en iran

Sur le lac salé, nous ressentons une grande émotion: un mirage, l’eau est rose et des icebergs de sel flottent. L’horizon se confond avec le ciel, un spectacle lunaire d’un lac voué à disparaître.

Nous quittons le lac pour la ville de Tabriz en empruntant le pont Kalentari.

Nous sommes vendredi et le vendredi, c’est dimanche. Tout est fermé, écoles, magasins, restaurants et même le bazar. Nous avons rendez-vous avec Naser Khan, un agent local qui connaît tous les trucs et astuces de l’Iran. Il nous parle de l’importance de connaître l’écriture chiffrée en farci, qu’il n’est pas nécessaire d’avoir une assurance pour rouler en Iran, qu’il y a qu’une seule police officielle, que toutes les autres ne sont que des mafieux ou qu’il est vulgaire de se moucher à table. 

La ville vibre, respire tant bien que mal sous ce flux incessant de voitures, c’est un capharnaüm organisé ! Il n’y a pas vraiment de règles, pas vraiment de feux. Les deux voies marquées au sol se transforment en trois voies… Si une voiture veut doubler, elle klaxonne, un tout petit coup discret, on se pousse un peu, un tout petit peu, à droite ou à gauche, pour qu’elle puisse se glisser, à quelques centimètres près ! La circulation est dense, liquide, millimétrée, et chaque seconde le miracle se reproduit : des millions de véhicules s’écoulent doucement, sans trop d’accidents. Le chauffeur garde toujours son calme, il klaxonne régulièrement, c’est un outil de communication avec les autres conducteurs, jamais une agression ou un reproche.

Traverser une rue peut être impressionnant ! Les iraniens zigzaguent entre les voitures roulant à vive allure. Les piétons ne sont pas prioritaires. Traverser est tellement délicat qu’on préfère attendre qu’un groupe d’Iraniens se lance pour les suivre. Ne pas hésiter, ne pas s’arrêter, ne pas reculer, prier… et par miracle on arrive en général de l’autre côté. C’est un art qui s’apprend !

3ème jour en Iran: Tabriz – Takab

Perdu au milieu des montagnes désertes de l’Azerbaïdjan occidental, à une heure de Tabriz, se trouve un étrange village vieux de plus de 700 ans.  Kandovan n’est pas un village comme les autres. Des rochers semblables à des termitières géantes ont été creusés par les premiers habitants afin d’en faire leurs habitations. Il a été créé, disent-ils, par ceux qui ont fui l’armée mongole pour se cacher dans les grottes. Les maisons sont connues sous le nom de « karan » dans le dialecte turc local, un mot qui se traduit à peu près par ruches. 

Lorsqu’on s’approche de Kandovan, on pourrait ne pas les remarquer, car la pierre utilisée imite la couleur naturelle de la pierre originale. Mais une fois qu’on se rapproche du village, on peut voir les fenêtres, les fils électriques, les portes et les cheminées qui émergent de la paroi rocheuse. Le village s’est même modernisé, avec l’électricité et parfois même l’eau courante, tout en se fondant parfaitement dans l’environnement naturel.

ensemble de maisons troglodytes en iran

Le village de Kandovan a un style inhabituel, il ressemble plus à une colonie de termites gigantesque qu’à des grottes traditionnelles. Au fil des ans, les gens du village ont élargi leurs résidences. Maintenant, la plupart des habitations troglodytes vont de deux à quatre étages complets avec des espaces de vie, une salle de stockage et un refuge pour les animaux. Beaucoup ont des porches, des fenêtres, des portes et des escaliers taillés dans la roche. C’est un dédale de chemins pavés qui serpentent entre ces “maisons-termitières”.

ensemble de maisons troglodytes à kandovan en iran

paysage désertique en iran

paysage désertique en iran

Notre arrivée à Takab ne passe pas inaperçue. Notre GPS nous conduit proche de l’unique hôtel. Dans le flux de voitures circulant en cette fin d’après-midi, Dom part en éclaireur, tandis que je reste proche des motos. Une ribambelle de gamins, tous plus excités les uns que les autres, m’abordent en gesticulant et en criant. Tous veulent savoir d’où je viens? où l’on va?… J’ai peine à les contenir. Heureusement, Dom revient, le sourire aux lèvres. Il a trouvé notre palace.

Takab est une petite ville, notre guide de voyages, dans sa rubrique “bon plan”, mentionne “qu’il est possible mais pas recommandé d’y passer la nuit sur place”. Oui mais voilà, la prochaine ville est à plus de 3 heures de route… Il est vrai que la chambre est d’un goût douteux. C’est vétuste, les matelas sont durs comme du bois,  les toilettes ne sont pas propres et l’odeur est juste insoutenable. Mais le rapport qualité-prix est correct!!  Comme il n’y a pas de parking surveillé, nos motos vont “naturellement” dans la salle à manger de l’hôtel. C’est aussi ça l’accueil iranien!

portrait d'un homme nous accueillant dans son restaurant en iran

4ème jour en Iran: Takab – Kermanshah

Takht-e-Soleyman (qui signifie littéralement « trône de Salomon ») est l’un des endroits les plus mystérieux de l’Iran. Situé dans une petite vallée, au sein d’une région montagneuse, il s’impose par un ensemble exceptionnel d’architectures royales créées par les Sassanides. 

temple zoroastrien à takht-e-soleyman en iran

L’ensemble comprend un temple zoroastrien et d’autres restes de monuments qui ont tous une importance religieuse et archéologique. Je n’ai pas bien compris cette religion, mais ils vénèrent les quatre éléments, la terre, l’air, l’eau et le feu. Le feu y brula durant 700 ans jusqu’à ce que le site et la ville proche soient rasés au cours de l’invasion byzantine. Outre le temple du feu lui-même, un palais sassanide fortifié ponctué de 38 tours est encore en partie visible. La fragilité de l’édifice se mesure aux matériaux de construction utilisés. Impressions garanties…

Cette empreinte du passé se situe sur un monticule cerné par une enceinte ovale de murs fortifiés. Au centre des fortifications, une source a rempli un cratère de 120 mètres de profondeur d’une eau bleu turquoise. L’eau et le volcan font autant parties du site religieux que les temples.

temple zoroastrien à takht-e-soleyman en iranNous poursuivons notre route en direction de Kermanshah. Je découvre les couleurs pures de l’Iran, le ciel perse d’un bleu si spécial, intense. La terre brûlée par des mois de sécheresse. Les fenaisons sont pratiquement terminées. Les ovins ont pris possession des terres, tandis qu’ailleurs les labours ont transformés les pâturages en damiers sombres.Avant d’atteindre notre destination, nous visitons le relief de Bisotun (Behistun). Situé à une soixantaine de mètres de haut, c’est un véritable manifeste célébrant la victoire de Darius sur ses usurpateurs. Ce relief est entouré d’inscriptions trilingues décrivant  rébellions et défaites et soulignant l’appui du dieu Ahura Mazda. Joli site, mais la plus importante sculpture est en réfection, située à dix mètres du sol, et masquée par les échafaudages !Les Iraniens sont les champions du monde de la sympathie. Dès que nous sommes perdus, on nous indique la route à suivre, on nous accompagne, on nous aide. Une fois de plus, nous ne trouvons pas l’hôtel que nous cherchons. Les cartes téléchargées ont parfois leur limite. On s’enquière auprès d’un automobiliste qui nous guide sur plusieurs kilomètres. Un signe de la main pour nous prévenir que nous sommes arrivés et déjà il disparaît dans la colonne de voitures qui, à cette heure de pointe, ne cesse de croître. Cette bienveillance permanente tranche avec nos craintes du début, liées au voile, aux règles que nous avons peur d’enfreindre, pour créer un mélange paradoxal et étrange.

Ce soir, nous dormons au Jamshid Hotel. Rien à voir avec celui de la veille… Mais le rapport qualité-prix est toujours correct!!  Nous prenons le repas du soir à l’hôtel. En Iran, le plat fétiche est le kebab, longue brochette de viande ou de poulet, servi avec une montagne de riz (souvent fade et sec) et une demi-tomate grillée. Plus tard, dans la soirée, nous arpentons les rues à la recherche d’un marchand de glace. C’est notre petit rituel! Finalement, pas trop loin de l’hôtel, nous trouvons notre bonheur. Une fois les arômes choisis, le vendeur nous tend subitement son natel !! Au bout du fil, sa sœur! Elle parle allemand et a étudié à Bâle. Aujourd’hui, elle travaille en Iran, dans la recherche en bio-chimie. C’est encore ça l’accueil iranien.  

plat typique d'iran

5ème jour en Iran: Kermanshah – Shushtar

paysage désertique en iran

paysage désertique en iran

L’Iran, c’est un road-movie qui traverse le pays jusqu’aux trésors des terres les plus arides. On se croirait parfois dans un western ou sur la lune. Ces collines aux formes de mains ou de bras, si étranges, sablonneuses, dès que l’on quitte Kermanshah entouré de montagnes. Des montagnes aux milles couleurs de chaque côté de la route.

paysage désertique en iran

Stopper au bord de la route afin d’immortaliser les paysages environnant, un homme en tenue de travail vient à notre rencontre. C’est Darius qui est chef des travaux sur un chantier voisin. Il ne parle pas un mot d’anglais. C’est alors que commence le “langage des signes”. Ne pouvant nous comprendre l’un et l’autre, cette méthode reste la langue universelle. Il nous invite pour boire le tchai. Dans sa cabane de chantier surchauffée, Darius pose à même le tapis une natte. Il y dépose quelques rondelles de concombre, des quartiers de tomate et des galettes de pain, le Sangak. Nous nous déchaussons et entrons.

Assis sur un tapis, nous écoutons l’eau bouillir calmement. Voilà un moment hors du temps. Certainement l’un de nos plus beaux souvenirs de voyage. La communication est laborieuse, mais nous réussissons tout de même à comprendre qu’une nouvelle école pour une quinzaine d’enfants se construit. Darius a le souci que nous goûtons de tout et nous sert à plusieurs reprises du thé. Il nous explique de quelle manière les Iraniens boivent leur thé; en mettant un petit morceau de sucre dans la bouche, qui fond lentement… une habitude que j’adopte et à laquelle je me fais très vite. Après une petite heure, il faut bien repartir et quitter ce moment privilégié.portrait d'un homme effectuant de la maçonnerie en iran

Une trentaine de kilomètres plus tard, les paysages ont changé, les odeurs ont changé et il fait très chaud.

41 degrés à l’ombre ! Nous n’avons pas l’habitude de température pareil. L’intérieur de nos casques est trempé, les gants sont mouillés, collent et nous avons de la peine à les enlever. L’enfer n’est pas loin!

température en iran

Dans la fournaise, nous arrivons à Shushtar. Nous devons nous trouver aux heures de pointe, enfin j’en sais rien, mais il y règne une circulation d’enfer sur ces sortes de voies rapides qui quadrillent la ville. Je commence à avoir l’habitude de cette conduite de « sauvage » marquée par une indiscipline totale, chacun faisant n’importe quoi ou presque. Bon, après avoir effectué un tourné sur route d’anthologie, on se retrouve sur un pont. En contrebas, plusieurs bassins ponctués de cascades d’eau n’arrivent pas à rafraîchir l’air ambiant. Il s’agit du système hydraulique historique de la ville.

le complexe hydrolique de shushtar en iran

Shushtar est célèbre pour son réseau de gestion de l’eau qui date de l’époque sassanide, vers le 3ème siècle, il aurait été construit par des romains fait prisonniers. Il fonctionnait encore il y a un siècle. Il s’agit de ponts-barrages qui permettent à la fois de contrôler les crues, d’irriguer la campagne, et le plus spectaculaire, d’envoyer l’eau sur des moulins à eau en déviant l’eau dans des tunnels. Aujourd’hui il n’y a plus de moulin, mais on voit l’eau ressortir des tunnels en cascades.

complexe hydrolique de shushtar en iran

Nous rencontrons Hossein, alors que nous cherchons un hébergement pour la nuit. Il nous renseigne, puis nous propose de nous guider jusqu’à l’hôtel Jahangardi situé au bord de la rivière. A l’intérieur, il y règne une atmosphère toute particulière. Grâce à la climatisation, il fait un froid de canard, 20 degrés!! Avant de nous faire visiter les chambres, le tenancier nous propose du tchai. Plus tard, nous lui commanderons salades, yogourts, riz et kebab.

portrait d'un groupe d'homme en iran

6ème jour en Iran: Shushtar – Yasuj

La chaleur est déjà présente quand je mets le contact. On quitte Shushtar pour s’enfoncer dans les vallées au paysage géologique impressionnant. Devant nous se déplie une étendue de champs asséchés que le vent tente tant bien que mal d’éveiller. Le soleil est de plomb, le silence complet, saisis devant tant de sérénité, je stoppe ma “monture” et je respire à plein poumons. On aperçoit de loin une sorte de lacets qui longent l’eau turquoise, c’est la route à suivre. Grandiose, elle se faufile entre ces montagnes terreuses. A mesure qu’on descend en altitude, le thermomètre fait le chemin inverse! “chaud devant”.paysage désertique en iranLe plus de l’Iran, c’est la surprise, l’inattendu. Il y a beaucoup de belles choses dans de nombreux pays du monde. Mais pour les grands pays touristiques, de nombreuses photos ou vidéos témoignent des beautés à découvrir. La surprise est donc moindre. De l’Iran on ne connaît rien. Les paysages, je ne le connaissais pas avant d’y avoir posé “mes roues”. On est donc forcément ébahi.

paysage désertique en iran

portrait d'homme en iran portrait d'enfant en iran
Depuis notre arrivée en Iran, plusieurs choses nous interpellent. D’abord, les iraniens ! Nous sentons de nombreux regards étonnés, jamais agressifs. Ils semblent contents de nous voir, et souvent, ils nous le font savoir. Nous recevons des dizaines de sourires, des mots accueillants “Hello ! Welcome in Iran” et la fameuse question “where are you from ?”. Les discussions se terminent souvent par un échange de numéro pour qu’on puisse les joindre en cas de problème. Je me suis même senti parfois honteux de mon propre comportement d’occidentale égoïste. Qui a pu croire un jour que l’Iran n’était pas un pays fréquentable, ni visitable? Une vraie leçon d’humilité… Leur accueil chaleureux est sûrement ce qui nous manquera le plus ! portrait d'homme en iran
boisson traditionnelle iranienne au lait fermenté

On n’oublie pas de  boire régulièrement du thé, mais cette fois-ci, on nous propose de goûter au Dough. La dégustation du lait fermenté nous attend de pied ferme! Il est des moments qui restent gravés à jamais dans un petit coin de notre tête et celui-ci en fait partie.

Alors, à côté de moi, un homme prend son téléphone et appelle quelqu’un, puis me le passe. A l’autre bout un homme parlant l’allemand. Il veux juste nous souhaiter la bienvenue et savoir si nous avons besoin de quelque chose -“Merci c’est très gentil, mais tout va bien”.

Cette nuit, nous dormons au “tourism hotel”. Situé sur une colline surplombant la ville, il nous offre un point vue intéressant.

7ème jour en Iran: Yasuj – Chiraz

Et nous avons repris la route du sud vers Chiraz.

Paysage irannien

De nouveaux paysages verdoyants viennent égayer notre route. Ici les sols sont fertiles, l’agriculture y est omniprésente. On aperçoit aussi les premiers campements nomades au loin. Des cueilleurs de fruits, des champs de maïs. Loin de toute vie citadine, la campagne iranienne est sublime et intemporelle.

Sur la route, nous rejoignons maintenant Naqsh-e Rostan. L’arrivée est impressionnante. Devant nous, une montagne cache sculptée en elle quatre tombes royales taillées en forme de croix au milieu de la falaise. Lorsque nous pénétrons le lieu, je me sens…minuscule. En me rapprochant j’évalue la hauteur des tombeaux, la taille des fresques gravées dans la roche. Sublime! Aucun autre mot ne m’est venu à l’esprit. Puis 1000 et une questions se sont bousculées. Comment? Comment ont-ils taillé, gravé, ciselé, creusé cette falaise? Un peu comme Petra en Jordanie, je savais que personne ne me répondrait. Alors j’ai admiré ces tombeaux magnifiques.

Naqsh-e-Rostan le tombeau de Darius en Iran

Iran
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Naqsh-e-Rostan le tombeau de Darius en Iran

Un de ceux-ci, d’après les inscriptions qu’il présente, serait la tombe de Darius 1er. Arrivé au pied de ses gigantesques tombes, les yeux écarquillés, je découvre aussi sept très grand bas-reliefs. Leur conservation témoigne de la beauté des scènes et de l’agilité des architectes. Certaines œuvres fascinent quand d’autres étourdissent. Ici, ce sont les deux sentiments qui me traversent. Faisant face à la roche, se dresse la Ka’ba-ye artosht, un monument zoroastrien en brique crue.

Naqsh-e-Rostan le tombeau de Darius en Iran

Naqsh-e-rostan le tombeau de Darius en Iran

Il nous faut quitter ce sanctuaire. A contre cœur, je regarde s’effacer au loin la trace des sépulcres de pierre de ces grands rois. L’Iran est une machine à remonter le temps.

Revenons au tout début, ou presque, 2500 ans en arrière. A 70 km de Chiraz, dans la plaine de Marvdasht,  nous trouvons les ruines de Persépolis. Son nom à lui seul fait rêver. Nous observons au loin l’immense complexe de Persépolis. Un impressionnant mur de marbre blanc semble soutenir une terrasse chargée de ruines. L’accès principal à la terrasse se fait sous la forme d’un escalier monumental. Chaque pas nous rapprochant de lui nous rapetisse.  Au pied de cet escalier, on comprend qu’on va pénétrer dans un des grands sites archéologiques de l’humanité. Les yeux levés, hébétés, nous admirons ce mur, haut de 14 mètres et composé d’énormes pierres taillés, ajustées sans mortier. Le travail est impressionnant.

Persepolis-Chiraz-Iran

Persépolis a été construite à partir de 521 avant JC sur ordre de Darius 1er. Elle a été brûlée par Alexandre le Grand, le macédonien, en 330 avant JC. Elle fait partie d’un vaste programme de constructions monumentales visant à souligner l’unité de l’empire perse à asseoir la légitimité du pouvoir royal. La Porte des Nations, premier édifice visible depuis l’escalier en témoigne.  Le message est beau, l’édifice grandiose. 

le site historique de Persépolis en Iran

le site historique de persépolis en IranLes ruines historiques de Persépolis en Iran

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Ecrasant le soleil frappe les ruines aveuglantes. Devant moi des bâtiments étirés sont dispersés dans un immense parc. La cité antique perse abrite encore des vestiges dans un état incroyable de conservation : colonnes, corniches, portiques… sculptures de taureaux, lions et griffons font de ce site une merveille incontournable.

le site de Persépolis proche de Chiraz en Iran

Les fresques quand à elles sont riches de sens et ce sont elles qui nous permettent de comprendre la vie qui s’y déroulait.

le site historique de Persépolis en Iran

2500 ans, c’est l’âge de ces pierres, l’âge d’un peuple qui n’a en aucun cas à rougir de son art.

Les ruines historiques de Persépolis en Iran

On a mis du temps à quitter cet endroit. Mais Chiraz nous attendait.

8ème jour en Iran: Chiraz

Berceau des plus grands poètes perses, Chiraz recèle des charmes dont seule la magie d’Orient à le secret. Chiraz, ville de poètes et de roses, fascinante par son passé prestigieux. C’est le romantisme par excellence. Elle est réputée pour ses jardins et sa littérature. 

une rue remplie de parapluies dans le bazar de Chiraz en Iran

Notre première préoccupation de la journée est de trouver une carte internet. En Iran, le réseau de téléphonie est en général bon. La grande majorité des hôtels propose un réseau wifi de qualité. Cependant, les petits hôtels ne bénéficient pas de la même qualité de prestations. Nous en avons fait l’expérience. C’est en taxi que nous nous déplaçons aujourd’hui. Lorsque nous pénétrons dans le bâtiment d’Irancell pour trouver notre graal, le hall d’entrée est bondé. Plus une seule chaise libre et de nombreuses personnes attendent debout. La file d’attente est conséquente, notre ticket nous indique qu’il y a encore plus de 40 personnes devant nous. Au bout de quelques minutes, un employé vient vers nous. Nous lui expliquons le but de notre présence et nous voici guidé vers le premier guichet libre. Aucun usager ne s’en est offusqué, pas même un froncement de sourcil. Je dois avouer que j’étais tout de même embarrassé face à tant d’amabilité. Mais, c’est également ça “l’accueil iranien”, encore une fois, une vraie leçon de vie.

Muni de notre précieux “trésor”, nous  pouvons débuter la découverte de la ville. Quand le soleil brille, Chiraz dévoile ses charmes et elle en a: les jardins, les mausolées, les mosquées, les nombreuses échoppes vivantes, l’ambiance assourdissante du bazar qui, vers midi, devient le cœur battant de la ville avec ses allées sinueuses remplies de vendeurs. La ville vibre, respire tant bien que mal sous ce tapis de pollution.

La mosquée Nasir-e-Molk cache sans mal un trésor. C’est une fois à l’intérieur que la magie opère. Nous sommes littéralement subjugués devant tant de beauté. C’est un bel exemple de finesse et d’harmonie. Comment ne pas se laisser envoûter par la douce lumière qui filtre à travers les vitraux de la salle de prière, et ces jeux de couleurs ?  Alors que le soleil se lève, la façade flanquée de plusieurs vitraux colore l’intérieur de l’édifice de mille éclats. La salle de prière est ainsi magnifiquement illuminée avec des nuances et des teintes différentes. La vue des rayons du soleil à travers les vitraux colorés, qui retombent ensuite sur le tapis persan, est tellement envoûtante qu’elle semble venir d’un autre monde. 

La Mosquee de Nasir-ol-Molk à Chiraz en Iran

la Mosquee de Nasir-ol-Molk à Chiraz en Iran

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La mosquee de Nasir-ol-Molk à Chiraz en Iran

Notre visite se poursuit avec le mausolée Shah Cheragh. C’est un site sacré dont l’accès a longtemps été interdit aux non-musulmans. Mais en ce moment, il nous a été possible de le visiter, moyennant un passage forcé au « bureau des étrangers » en guise de comité de bienvenue… Nous attendons quelques minutes l’arrivée de notre guide. C’est une femme, elle me demande après avoir contrôlé discrètement mon sac à dos, d’actionner le déclencheur de mon appareil de photo. Avait-elle un doute sur la finalité de l’engin? Finalement, c’est un homme qui nous conduit au centre de ce lieu sacré de l’Islam. J’hésite à prendre des photos, mais l’officiel me dit que c’est possible. Même dans ces lieux particulièrement importants d’un point de vue religieux, on met un point d’honneur à accueillir les étrangers de la meilleure des manières.

La mosquee de Shah Cheragh à Chiraz en Iran

la mosquee de Shah Cheragh à Chiraz en Iran

Quant au mausolée en lui-même, il est absolument extraordinaire. A l’intérieur, des millions de minuscules éclats de miroir recouvrent les murs, et scintillent à la lumière des réverbères. Des lustres somptueux tombent du plafond et créent de nombreux jeux de lumière avec les vitraux de couleurs sur les façades. Je suis cloué sur place.

la mosquee de Shah Cheragh à Chiraz en Iran

Les minarets dorés brillent, les couleurs se mélangent, rendant l’endroit tout simplement éblouissant.

Un foulard qui glisse, une parole un peu trop haute, des enfants qui courent nu-pieds dans un bassin, répartis dans les endroits stratégiques, des femmes ou des hommes armés de plumeaux effleurent l’épaule du contrevenant.

La mosquee de Shah Cheragh à Chiraz en Iran

Pour que la magie opère pleinement, il faut absolument venir au moment de la prière, à la nuit tombante, quand tout commence à s’illuminer, que les pèlerins affluent en nombre, et que la voix du muezzin se met à retentir de sa voix puissante et intense. Au sol, des tapis par dizaines. Dessus des femmes sont assises. Certaines prient avec ferveur, d’autres discutent silencieusement, à leur côté quelques enfants jouent.

la mosquee de Shah Cheragh à Chiraz e Iran

la mosquee de Shah Cheragh à Chiraz e Iran

la Mosquee de Shah Cheragh à Chiraz en Iranla Mosquee de Shah Cheragh à Chiraz en Iran

Visiter le Shah Cheragh a été sans hésiter une des expériences les plus fortes du séjour.

Partout en Iran, les jardins sont un art de vivre… La verdure et l’eau sont des éléments très importants et donnent à cette ville une vraie douceur de vivre. Le Bagh-e Narenjestan est une résidence historique et traditionnelle persane. Je flâne parmi de nombreux jardins, des petits bassins, des fleurs de plusieurs couleurs, des odeurs variées et familières mais surtout celles des roses et des fleurs d’orangers. Chaque petit coin, le moindre bout de pelouse est exploité par un couple en quête de séduction.

les jardin de Bagh-e-Narenjestan à Chiraz en Iran

Non loin du jardin botanique se trouve la citadelle de Karim Khan. Un édifice carré avec une tour à chaque coin, dont une qui à la suite d’un tremblement de terre, penche sérieusement. Le haut des remparts est ciselés de nombreuses et fines sculptures. A l’intérieur, un jardin, des citronniers, des bancs où il fait bon se reposer. Jamais je n’aurais imaginé ce décor. Autour de l’édifice touristes et Chiraziens se livrent une bataille de selfies.

Karim Khan Zoud à Chiraz en Iran

A noter que si la plupart des femmes sont vêtues de noir, ce n’est pas leur tenue habituelle. C’est la tenue pour aller dans les lieux saints. Dans les villes, la majorité des femmes portent le foulard le plus court possible, en laissant dépasser une mèche de cheveux, parfois même le haut du crâne. Les femmes ont réussi à s’approprier la mode, la couleur. Le look est omniprésent. Et si elles sont plus mystérieuses et inaccessibles que les hommes, c’est surtout à cause de leurs regards noirs surlignés de khôl, leurs visages maquillés comme des poupées, leurs sourcils épais, leurs lèvres pulpeuses rouge vermeil. Quelques unes arborent fièrement leur pansement sur le nez, signe très chic d’une récente rhinoplastie. Non, le voile n’est pas la femme Iranienne et heureusement! Pour clore tout commentaire, je rappelle qu’on ne peut pas s’habiller comme on veut pour rentrer dans certaines de nos églises.

Portrait Femme Iran
Portrait Femme Iran (5)
Portrait Femme Iran (4)
Portrait Femme Iran (2)

La nuit a envahi les rues de Chiraz. Nous voici traversant le bazar d’un pas rapide. Les échoppes ferment une à une. Nous pénétrons dans le Saraye Mehr, un restaurant traditionnel où nous dégustons un délicieux dizi.

Le restaurant typique Saraye Mehr à Chiraz en Iran

Ce repas des bergers et des paysans, a su trouver sa place au sein de la culture gastronomique iranienne. Mais il faut un mode d’emploi pour le déguster! Sur un grand plateau en fer blanc, on reçoit un pot en terre cuite rempli de soupe dans laquelle baigne du mouton bouilli, des légumes et autres condiments. On reçoit également un bol, une assiette, un pilon, des services et du  pain plat typique. En voyant notre air dubitatif, la serveuse comprend que nous ne savons que faire de tout ces ustensiles.

La première étape consiste à déguster la soupe. Elle retire d’abord du pot en terre cuite le morceau de graisse de mouton, qu’elle écrase avec le pilon dans le bol, avant d’y verser la soupe. Elle fait ensuite de petits morceaux du pain, qu’elle met à tremper, et le tout se mange ainsi. C’est exquis et pour un prix dérisoire.

Le Tchai en Iran

Si différent l’Iran, si attirant aussi. Montesquieu en avait fait ses « Lettres persanes ». Une correspondance à reprendre.

9ème jour en Iran: Chiraz – Sirjan

Pas un jour ne s’est passé sans faire de nouvelles rencontres, sans être abordés dans la rue juste pour échanger trois mots ou un sourire, avec un naturel parfois troublant. Chaque matin, nous nous demandons quelle sera la belle rencontre que nous ferons ou, tout simplement le magnifique événement que nous allons vivre. Et jamais, nous n’avons été déçus. Avant toute chose, ce qui fait le charme et la richesse de l’Iran, ce sont ses habitants. Leur gentillesse et leur générosité extrêmes peuvent parfois déconcerter.

Les prises d’otages sont assez courantes en Iran. Stoppés au bord de la route, nous consultons la carte. De suite, un inconnu s’arrête et nous demande si nous avons besoin d’aide. Puis, il insiste pour que nous venions partager le repas chez lui avec sa famille. Dans un premier temps, nous déclinons poliment l’offre. Mais c’est sans compter sur l’insistance de notre interlocuteur. Pourtant, il ne parle pas bien l’anglais, mais il sait nous convaincre et nous le suivons.

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Et toujours le même discours, “en Iran tu es mon invité”. Nous faisons la connaissance de toute la famille, des amis et des voisins. On en viendrait presque à se demander si la moitié des iraniens n’ont pas été informés de notre venue et nous attendent de pied ferme tant ces rencontres sont fréquentes et sympathiques. Dans quel pays avons-nous rencontré un tel accueil, une telle générosité ? Cette hospitalité dépasse tellement l’entendement que ça nous laisse sans voix. On est tellement peu habitués à tant de gentillesse d’un coup, que le réflexe est souvent de refuser. En Iran, c’est normal d’aider son prochain !

Un paysage en Iran

Une fois n’est pas coutume nous avons traversé des paysages lunaires, désertiques et rocailleux. Aperçu ici et là des caravansérails au bord des routes, tels des mirages. Je roule sur des routes étrangères, presque sur une autre planète, tout en ayant l’impression d’être dans un environnement familier. Je roule à domicile mais dans un cadre féerique et je suis bien, la température est parfaite, le vent rafraîchissant et j’ai de l’eau en abondance pour hydrater une gorge en permanence desséchée.

paysage en Iran

paysage irannien

Je suis surpris par le réseau routier. Le gouvernement a mis le paquet pour la construction des routes, afin de promouvoir le commerce à l’intérieur du pays. Les voies sont larges, modernes. L’asphalte est plutôt bon, mais pas toujours, le souci vient des nombreux ralentisseurs dans les villages ou les villes. Rarement annoncés, vaguement signalés, toujours imprévisibles, combien de fois ne les ai-je vu qu’au dernier moment ?  Alors, il faut passer de 100 km/h à 30 en quelques mètres pour épargner les amortisseurs. J’adapte ma conduite, sans oublier la largeur des valises… surtout en ville dans les inter-files. 

Route iranienne

10ème jour en Iran: Sirjan – Bam

Nous prenons la direction de Bam. Longeant l’ancienne route de la soie, notre itinéraire traverse des paysages hors du commun. Il est jalonné de vieilles demeures, de pistachiers ou de dattiers. Sur le bord de la route principale, des commerçants vendent des grenades rouges trop mûres qui explosent leurs graines pourpres sur le sol. Les dattes, autres merveilles gustatives de l’Iran, ont grossi sous l’influence d’un soleil omniprésent.  Plus loin, une fourgonnette ploie sous le nombre de citrons entassés. La terre a été généreuse cette année.

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Paysage désertique en Iran

Je crois que les smartphones ont changé la vie des Iraniens. Ils photographient tout, le selfie est un sport national. Combien de fois, ai-je été pris en roulant…? Une voiture me dépasse, par la gauche ou par la droite c’est selon, une femme ouvre sa vitre… Et le chauffeur shoote ! La femme rayonnante me fait un geste discret de la main en signe de satisfaction. Je ne doute pas un instant de la qualité du cliché… Mais ça surprend…!

Incalculable le nombre d’arrêts, de discussions, de photos, d’échanges de numéros de téléphone. En Iran, mon pressbook doit être plus impressionnant que celui de la plus connue des stars hollywoodiennes. Lors d’une pause-thaï, comme par magie, voila un, puis deux, puis trois, puis une dizaine d’Iraniens qui viennent vers nous et ça discutent dans tous les sens, ils font de grands gestes et l’on entend résonner des “welcome, welcome, welcome”! La question qui revient sans cesse « you come from ? ». J’en suis encore bouleversé à l’évocation de ce souvenir.

Arrivés à notre destination, nous nous mettons à la recherche de la citadelle d’Arg’e Bam. Deux jeunes gamins chevauchant leur moto nous y conduisent. A peine arrivés, ils nous font un signe de la main et s’éloignent. C’est la fin de l’après-midi, le soleil est déjà bien bas, nous profitons de cet instant pour découvrir ce site incroyable.

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Le 26 décembre 2003, à 5h26 un tremblement de terre d’un magnitude de 6,8 détruisit près de 80% de Bam, faisant plus de 40 000 victimes et autant de blessés. La citadelle construite en terre n’y résista pas. Bam eut pour honneur de nous offrir, ainsi qu’aux jeunes générations iraniennes, ce témoignage in estimé du passé. Nous déambulons dans ses petites ruelles et admirons le travail architectural.

11ème jour en Iran: Bam – Shahdad

Avec Bam, nous avons atteint le point le plus éloigné de notre voyage. Nous avons peine à croire que nous nous trouvons à un point aussi méridional, équivalent à l’extrême sud du Koweït. Nous entamons une longue remontée vers le nord. Nous quittons Bam pour une première étape, le village de Rayen. Situé au pied de la montagne Haraz, il est également célèbre pour sa citadelle. Cette dernière est le second plus grand édifice en brique crue du monde. Un petit bijou de l’art pré islamique “Sasanian” extrêmement bien conservé. Celle-ci eut la chance de ne pas subir le tremblement de terre de 2003.

La Citadelle de Rayen en Iran

Nous quittons cette merveille historique pour nous diriger vers Dasht-e Lut. Par delà les montagnes, nous entrons dans le grand désert. Le contraste est immense ! La chaleur y est extrême et il n’y pleut jamais ! Rapidement, nous passons le dernier col pour nous élancer dans la plaine de sable roux. Alors que les kilomètres défilent et que nous nous enfonçons de plus en plus loin dans le désert, nous voyons la température augmenter progressivement sur le thermomètre jusqu’à se fixer sur 42°C, une température estivale un peu fraîche pour ce désert où la température de surface peut atteindre plus de 70°C !

Véritable site extraordinaire, le désert du Lut s’entend comme le berceau des phénomènes spectaculaires. Entre juin et octobre, de puissants vents le balayent, transportant des sédiments et provoquant une érosion éolienne à une échelle prodigieuse. De ce fait, l’endroit présente des exemples ahurissants de reliefs. Nous contemplons une série d’arêtes parallèles et de sillons s’étendant sur plus d’une centaine de kilomètres et plusieurs dizaines de mètres de haut ! La zone regorge de ravins et de collines.

paysage iranien proche de Sahahdad en Iran

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paysage iranien proche de Sahahdad en Iran

Nous faisons le plein d’essence à Shahdad. La chaleur y est omniprésente, pas un coin d’ombre… et même s’il y en avait… Est-ce que cela changerait quelque chose? Pas sûr, mais finalement, nous décidons d’y passer la nuit. Nous nous rendons au Nakhlestan Residencyd, une ferme agricole composée de plusieurs huttes servant de logement pour les voyageurs. Nous dormons sur une fine natte posée à même le sol. Le toit et les parois, composés de branches de palmier, abritent une colonie d’insectes qui tout au long de la nuit nous tiendront compagnie…

Hutte dans une ferme agricole de Shahdad à l'entrée du désert-e Lut en Iran

Les murs des sanitaires sont recouverts d’une feuille d’aluminium. La taule a chauffé toute la journée sous les rayons du soleil, c’est une vraie sauna. Il y fait une chaleur… c’est juste intenable. L’eau chaude de la douche est chauffée naturellement par le soleil, la température est largement supérieur à 30°C. Elle y paraît néanmoins presque froide au vue de la moiteur de la pièce.

Pour le repas du soir, nous découvrons le Ghormeh Sabzi, ragoût iranien emblématique dont l’ingrédient principal est un mélange d’herbes fraîches sautées, surtout du persil. En persan, “ghormeh” signifie “ragoût” et “sabzi”, “herbes”. C’est l’un des principaux plats du festin persan. C’est tout simplement un régal.

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12ème jour en Iran: Shahdad – Rafsanjan

Au matin, la chaleur est toujours écrasante. Nous nous mettons en quête de bouteilles d’eau que nous trouvons dans une petite épicerie tenue par une femme cachée derrière une grille métallique. Elles sortent du congélateur. Nous profitons de ces morceaux de glace pour les glisser dans nos camelback, nous garantissant un peu de fraîcheur, tout au moins pour quelques heures.

Dasht-e Lut, le désert du vide… porte mal son nom. 

Le désert-e-lut et ses kaluts en Iran

Reconnu comme un lieu des paradoxes de la nature, il nous réserve d’agréables surprises ! Dans sa majeure partie, il n’existe aucune vie animale et végétale. Nous traversons un paysage vierge à perte vue. Les premières Kaluts apparaissent. Fragiles tours d’argile sculptées par l’érosion, elles sont vraiment incroyables et s’apparentent à des monuments rocheux parsemant  par-ci par-là l’infini ! Tout cela donne un joli rythme au paysage. L’ocre est partout. Il couvre le désert d’or et de lumière, colore les montagnes et les canyons. Les nuances sont subtiles. Du beige à l’oranger, elles défilent sous nos yeux aux plus belles heures du jour. Une note chaleureuse sur laquelle se dessinent à la craie les bandes blanches d’une route surchauffée .

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Matraqués par une température épouvantable, nous arpentons ces promontoires rocheux, oubliant pour quelques instants la chaleur étouffante et les gouttes d’eau ruisselant sur nos fronts. Peu de mots pour décrire ce sentiment de bien-être, de liberté, de fascination, que je ressens à ce moment-là. Nous profitons de l’instant, écoutons le silence, respirons l’odeur du sable, explorons ces Kaluts.

Désert-e-Lut et ses Kaluts en Iran

road-trip-desert-e-lut-kaluts-iran

Écrasé par un soleil de plomb une majeure partie de l’année, un caravanserail, sorte de château fort protégeant jadis les voyageurs, semble oublié au milieu de nul part.

caravansérail dans le désert-e Lut en Iran

13 ème jour en Iran: Mahan- Yazd

Un paysage désertique et montagneux en Iran

Aujourd’hui, nous nous rendons dans un village troglodyte. Meymand est habité depuis 3000 ans et compte parmi les plus anciens villages encore habités d’Iran. Les fouilles archéologiques qui y ont été réalisées ont conduit à la découverte de tuiles datant de 6000 ans, ainsi que de pierres gravées dont l’ancienneté remonte à près de 10 000 ans. Sur la base de ces recherches, ce village historique aurait entre 8000 et 12 000 ans, une époque située aux encoignures de l’âge de la pierre taillée.

Le village troglodyte de Mayland en Iran

Pour avoir une première vue d’ensemble, il faut s’approcher en prenant de la hauteur. La première image qui apparaît alors est celle de portes très courtes jointes par des tunnels. Ces portes ne sont pas toutes au même niveau et certaines sont situées les unes au-dessus des autres. Dans un premier temps, on a le sentiment que le village ne compte qu’un nombre limité de maisons. Ce n’est qu’en se promenant un peu, qu’on se rend vraiment compte de l’étendue de Meymand.

Maymand un village troglodyte en Iran

Chacune de ces maisons traditionnelles taillées dans le rocher et appelées kitcheh. Meymand rassemble ainsi 406 kitcheh de tailles différentes. Le village a conservé son architecture, ses traditions d’origine ainsi que sa langue, qui a subi très peu de changements en raison de son isolement. Elle contient ainsi encore des mots sassanides et pahlavis.

Le village troglodyte de Mayland en Iran

Continuellement habité depuis 3 000 ans, Maymand est un coin incroyable, unique en son genre. Il s’offre en une merveilleuse vue panoramique. Ici, les villageois ont peu fait pour ajouter de la couleur aux tons naturels du paysage. Leurs maisons et leurs rues n’ont pas de fleurs en pot ou plantes ornementales. L’apparence austère du village est complétée par la vie spartiate de ses habitants. Les demeures ne possèdent pas de fenêtre et baignent dans l’obscurité à cause du manque de lumière naturelle, mais aussi à cause de la suie des feux et des bougies qui enrobent les murs.

Mayland un village troglodyte en Iran

A 60 kilomètres de Yazd, sur la route de Kerman, Zein-o-Din, un caravansérail du XVI e siècle transformé en auberge. Il est l’une des nombreuses auberges construites sous le règne de Abbas Ier, afin de fournir des installations aux voyageurs. Il s’agit d’un caravansérail circulaire âgé de 500 ans. Rénové, ce lieu est une oasis posée là sur le bas côté d’une route aride. De petites alcôves fournissent un hébergement de fortune. Même si l’ensemble revêt un cachet particulier, le simple prix d’une visite éclaire témoigne d’un piège à touriste possible. 

Zein-o-Din un caravansérail proche de Yazd en Iran

Située entre deux déserts, la ville de Yazd est l’une des plus anciennes de la planète, elle serait habitée depuis plus de 5000 ans. Elle est connue pour ses tours des vents, appelées bâdgir, d’ingénieuses constructions destinées à rafraîchir les maisons en captant le vent qui à travers un circuit vient rafraichir les habitations. Yazd est parsemée par de nombreuses tours de ce type.

Yazd est chauffée par un soleil aride qui brûle les murs en torchis craquelé comme une peau qui a trop pris le soleil. Une partie de la ville appartient au silence, comme pour préserver les anciens palais du bruit de la ville.

Yazd est ses magnifiques tours du vent en Iran

Dans la vieille ville, la plupart des bâtiments sont en argile, en pisé ou en briques. Ce camaïeu de tons ocres donne aux étroites ruelles un charme particulier. C’est dans les ruelles perpendiculaires que nous découvrons une atmosphère authentique et feutrée. La vieille ville est un labyrinthe de ruelles bordées des murs des maisons en terre. Il n’y a aucune fenêtre, les ouvertures sont sur des cours intérieures. Parfois les maisons sont même au-dessus des ruelles qui se transforment en tunnel.

Nous trouvons notre logement à l’Orient Hotel. L’établissement affiche “complet”, mais nous trouvons refuge dans un dortoir situé au troisième sous-sol. Les murs sont en briques de terre cuite, il y règne une forte odeur de terre humide. Le besoin de respirer l’air pur se fait immédiat.

 

Il s’agit d’une énorme maison traditionnelle dans laquelle les chambres sont disposées autour d’un vaste patio à ciel ouvert. Nous buvons le thé sur le toit de la maison en profitant de la vue sur la ville. C’est un spectacle fascinant que de voir la silhouette de toutes ces coupoles de mosquées se détacher sur le ciel azur, entrecoupée de bâdgir. La vue offre un superbe spectacle. Le soleil se couche sur les toits de la ville qui lui donne une couleur orangée presque rose.

 

Ruelles dans la ville de Yazd en Iran

La mosquée Jameh dans la ville de Yazd en Iran

La nuit tombe et la ville s’anime. Il y a du monde dans les rues, les commerçants ouvrent leur boutique de bric et de broc, les familles sont de sortie, se baladent, mangent des glaces. Les iraniens raffolent des glaces, ça tombe bien, nous aussi…

A la nuit tombée, la mosquée Jameh s’illumine de bleu. Nous sommes émerveillés ! Mais finalement, c’est peut-être la nuit que Yazd est la plus belle.

La mosquée Jameh dans la ville de Yazd en Iran

La Mosquée de Jameh à Yazd en IranLa Mosquée de Jameh à Yazd en IranLa Mosquée de Jameh à Yazd en Iran

La Mosquée de Jameh à Yazd en Iran

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