En sourdine, le prochain voyage en Irlande se prépare. L’idée de faire une partie du prochain trip en mode “camping” fait son chemin. Quelques questions restent pour l’instant ouvertes: comment installer tout le matériel? Pas de doute, il va falloir faire un essai…
C’est donc valises remplies et sacs marins ajoutés en renfort que nous partons faire un ultime essai. Et pas question de se la jouer mode “tranquillou”. Direction le col du Nufenen, pour profiter des quelques jolies courbes que nous offrent cette ascension.
17/07/15-16 535 km
De suite après Tourtemagne, je prends à droite pour rejoindre le petit village de Bürchen. La vue sur le Bietschhorn et les sommets avoisinants est splendide.
On poursuit jusqu’à Moosalp. La route traverse d’abord une forêt, puis serpente dans les pâturages, avant d’arriver au col où sur la droite, un restaurant nous attend pour une première pause. Ici, le cadre douillet appelle au fare niente. La terrasse panoramique est habilement ombragée, des bancs et des tables en bois de mélèze massif composent le mobilier. Tout ici appelle le touriste. Il saura prendre son plaisir avec des mets typiques de la région. Il paraît qu’on y trouve des mille-feuilles à faire damner les plus gourmands. Seule ombre à ce tableau idyllique, les places de parc… Dès l’instant où trois véhicules peuvent se garer, un parcomètre attend la bourse du voyageur. Et n’allez pas croire que “Long Tarin” (chacun a ses références bibliographiques) n’effectuera pas son contrôle quotidien. Dans le Haut-Valais, on sait recevoir… dans la mesure où l’on donne d’abord!
La descente sur Stalden emprunte une route plus escarpée. Elle traverse pourtant des villages qui ont su garder tout leur charme.
Les poutres de mélèze, pétrifiées de soleil, ont rougis au soleil. C’est l’heure de la fenaison. Les près tondus dessinent des damiers en forme de taches claires, marquant ainsi les champs devant encore être fauchés. Emergés des vallons millénaires, des pâturages indolents flattent la beauté animale des moutons et des bergers. L’un d’eux suspend sa besogne. Il suit la transhumance solitaire du voyageur.
C’est bien beau de suivre les chemins de traverse. Le col du Nufenen est encore loin, et ce n’est pas le dernier prévu pour la journée.
Aussitôt le col franchi, nous plongeons dans le val Bedretto pour rejoindre, tout là-bas, le col du San Bernardino.
Puis, on remonte vers le Splügen pour chercher un endroit où poser la tente. Pas vraiment facile de trouver l’emplacement idéal. Il vente, la température a considérablement fraichi et les sacs de couchage sont prévus pour passer une nuit au bord de mer et pas en montagne. C’est vrai qu’on a préféré économiser sur le poids du couchage et pas sur celui de l’apéro.
Finalement, au détour d’un virage, dans la région de Motta di Sotto, un chemin ou plutôt une ravine bien caillouteuse conduit à un place de pique-nique. Hésitations, tergiversations, réflexions… et hop, je me lance… et Epona avale cailloux, trous et bosses. Nous voici installé: feu de camp, tente montée, apéro servi.
La nuit fut fraiche, les sacs de couchage un peu “léger”, mais c’est en forme que nous nous levons le lendemain matin.
– “On rentre par où?” Bonne question!! Comme la veille, dans une ultime recherche de notre campement, nous n’avions pas pu à satisfaction apprécier les abords du Splügen, c’est tout naturellement que nous y retournons.
[supsystic-gallery id=15 position=center]
Au col du Splügen, nous basculons sur le versant suisse. Il reste 3 kilomètres et 200 mètres de dénivellation acrobatique. Les limbes du col dévoilent un paysage de roches en lambeaux. La route y trace une calligraphie de goudron. Epona suit en bon élève la trace dessinée.
Des villages colorés nous accueillent. Aux fenêtres, les habitants amusés regardent curieusement la longue file des touristes en transhumance vers le sud.
Les fontaines prolifèrent. L’eau coule, minérale. Une nonne ou une vierge «délicieuse» admire son effigie dans l’eau cristalline. Tandis que badauds et touristes assoiffés “lapent”, à même le robinet, l’eau bienfaitrice qui s’écoule. Insidieusement, le regard en coin, ils lorgnent vers l’intimité de la femme les surplombant. La nymphe nue le plus souvent ou enveloppée dans une robe mariale s’en lave les mains.
Laissant la madone à sa contemplation narcissique, nous poursuivons notre route en direction de Versam. Au fond du gouffre s’écoule le Rhin originel. L’eau turquoise berce quelques aventuriers en rafting. Plus loin, après de nombreux kilomètres, le fleuve naissant aura acquis sa pleine maturité. De lourdes péniches profiteront de son eau puissante pour alimenter les villes lointaines.
Plus haut dans la vallée, le train à crémaillère, chenille mécanique illuminant de son rouge amarante les prairies environnantes, tente de se hisser jusqu’au col de l’Oberalp.
Avec ses rochers orangés, le Gross Bielenhorn nous annonce l’arrivée prochaine du col de la Furka. Vagabonds et sauvages, les torrents dévalent la montagne. Il est temps pour nous de rentrer.