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Road trip au Maroc 19

La ville de ChefchaouenCharme, accueil chaleureux et authenticité résument bien l’esprit du Maroc. Paysages époustouflants, agrémentés par le désert du sud marocain, les palmeraies, l’Atlas, le Haut Atlas ou encore les côtes, des souvenirs encore bien présents dans ma tête.  Lors de mon premier voyage au Maroc, j’avais été agréablement surpris par la diversité des paysages, par l’immensité des régions traversées. A perte de vue de grands espaces sauvages, arides qui me donnaient le sentiment d’être au cœur de la nature, au plus proche des éléments. J’avais goûté au plaisir des couscous et des tajines odorantes. J’avais goûté au plaisir de me perdre dans de magnifiques constructions en pisé. J’avais foulé le sable fin du désert tout proche, mais j’avais aussi traversé des villes bruissantes d’activités et d’artisanat. Le voyage dans ce territoire nord-africain constitue une expérience unique et  lorsque Didier m’a proposé de l’accompagner pour ce trip, je n’ai pas hésité.

                                19/10-05/11/19                                                                                      2800 km

tetouan le riad dar achaach

Un voyage au Maroc commence bien souvent par une longue traversée de la Méditerranée. C’est l’occasion d’une immersion progressive. Sur le ferry nous menant à Tanger, on parle français, italien mais surtout marocain. Sur le pont, de petits groupes jouent aux cartes, d’autres discutent avec force gestes. Seuls, les touristes exités par leur prochain périple arpentent les coursives avec l’illlusion d’arriver plus rapidement à leur destination. Après de longues heures de navigation sur une mer relativement calme, nous arrivons enfin à Tanger. Il fait nuit. Il nous faut encore passer la douane, faire du change et acheter une carte téléphonique. On roule enfin. Oh pas pour bien longtemps! Tétouan est notre premier objectif. Le Riad Dar Achaach nous accueille pour la nuit. C’est une charmante maison typiquement Tétouanaise, elle est située dans la magnifique colline de Torreta entourée de montagnes.

Après un bon petit déjeuner, nous prenons la route pour Taounate. Isolé du reste du pays, la région échappe aux circuits touristiques. Nous voilà lancés sur les routes de l’Oriental marocain, une région en marge des itinéraires touristiques standard. Nous ferons une halte à Chefchaouen.

 

la vielle de chefchaouen

Cinq fois par jour, du haut des minarets, les muezzins distillent les mélopées envoûtantes de la parole divine qui rebondissent en écho sur les façades de la médina de Chefchaouen. Mille ruelles escaladent le creux dans la montagne où la ville est nichée. Ambiance magique dans un décor aux murs blancs, aux portes bleues, où chaque arche et chaque renfoncement sont une invitation à aller plus loin se perdre dans le dédale.

rue de chefchaouen

Maroc
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ruelle à chefchaouen

Des ruelles ombragées, des escaliers labyrinthiques, deux cornes montagneuses pour décor. Des femmes en babouches, des chats alanguis, des vieux qui savourent le temps qui passe. Les éclats de voix d’une grappe de gamins retentissent au détour d’une fontaine. A Chefchaouen, la rue est ultraphotogénique.

Les chaounis sont devenus des acteurs malgré eux d’un spectacle rejoué en permanence. Ils ne vous voient plus ou vous ignorent avec une froideur inconnue ailleurs au Maroc. Nous y sommes devenus invisibles les uns pour les autres. La ville bleue a crée des fantômes.

Nous reprenons notre route vers Taounate au travers du Rif Marocain. Désirant visiter le Rif profond, nous nous y enfonçons en empruntant les petites routes et le revêtement des voies nous rappelle à son bon souvenir; nous sommes bien au Maroc. Nids de poule, changements soudains de revêtement et circulation à la marocaine donc totalement anarchique.

La pauvreté nous saute aux yeux. Bien souvent, quatre taules appuyées les unes aux autres suffisent largement pour créer un abris, une maison où toute une famille y vit.

Nous progressons lentement tant la route est en très mauvais état et effondrée par endroit. Arrivés à Taounate, nous cherchons la Pension du Lac. Le gps indique que nous sommes à destination, mais nous ne voyons pas d’hôtel jusqu’au moment où un marocain nous montre l’enseigne en haut d’un bâtiment. Les motos resteront à l’arrière d’une cour sous la surveillance d’un garde. A l’intérieur, dans le bistrot du coin, c’est effervescence… il y a foot à la télévision…

Ce matin, le temps n’est pas au beau. Il fait froid et la pluie n’est pas loin. Nous préférons modifier notre itinéraire et ne plus nous attarder dans les montagnes du Rif. Nous prenons la direction de Midelt. Plus on avance, plus il pleut et plus les villages deviennent glauques. Pas une femme, pas un enfant ne joue sur les trottoirs, personne dans les rue… sorte d’omerta glaçante.

La température a considérablement fraichi. A la sortie d’Ifrane, n’y tenant plus, trempé nous faisons halte dans un hôtel relais pour boire un punch bien chaud. Il a un curieux goût de thé à la menthe le breuvage, mais il nous réchauffe tout de même. L’heure avançant et pas les kilomètres parcourus, nous reprenons la route. Comme pour nous punir pour avoir repris des forces, la pluie se met à tomber de plus belle. La forêt d’Azrou qui d’habitude est habitée par des macaques de Barbarie est aujourd’hui bien calme. Une fine couche de neige recouvre le sol.

la forêt d'azrouf sous la neige

Nous arrivons à Midelt complètement congelé par le vent glacial qui descend de l’Atlas. Les nuages nous ont quittés et la pluie a cessé. La seul envie que nous ayons pour l’instant, nous mettre au chaud. Nous arrivons à l’hôtel Kasbah Asmaa. Magnifique édifice construit selon la plus pure tradition marocaine. A l’intérieur, un feu tente tant bien que mal de réchauffer des espaces gigantesques tandis qu’à l’extérieur un jardin et une magnifique piscine nous invitent à la baignade. Par les temps qui court, nous préférons la maigre chaleur du feu de bois.

Nous quittons Midelt pour rejoindre Imilchil puis Agoudal. Nous ne souhaitons pas passer par le Cirque de Jaffar, (je l’avais déjà emprunter en 2017) nous le contournons par la p7319. Sur la route, au sortir de la palmeraie, les monts enneigés du Haut-Atlas nous subjuguent. Le contraste est saisissant. L’aridité du désert fait face à la froideur des montagnes. Nous évoluons dans un paysage grandiose.

les contreforts de l'atlas enneigé

Maroc
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Passé Ait Omghar, la route est un émerveillement pour les yeux. Ça est là, des arganiers abritent des chèvres acrobates. L’arganier fournit un bois très dur, appelé bois de fer, utilisé essentiellement comme bois de chauffage. Cet arbre traditionnellement mythique et sacré est considéré comme le père de tous. Ses feuilles, vert sombre et coriaces, sont consommées par les chèvres qui grimpent dans les arbres où elles mangent de jeunes pousses et le fruit, laissant le noyau qu’il contient.

chèvres mangeant de l'arganier

Si les chèvres du Maroc grimpent aux arbres, ce n’est pas parce qu’elles sont des mordues d’escalade, mais bien parce que c’est le seul moyen qu’elles ont trouvé pour se nourrir. En effet, dans cette région du Maroc, le climat est très sec. Or, sans pluie, rien ne pousse sur le sol. Lorsque les chèvres mangent les fruits de l’arganier, elles recrachent systématiquement les noyaux, ces derniers étant trop gros pour être avalés. Les noyaux tombent alors au sol, permettant  à d’autres arbres de pousser. Malin, non ?

Ayant gardé toute sa beauté sauvage, cette région est splendide, mêlant falaises abruptes et calme inspiré par les forêts de cèdres voisines. Ici, tout est immensité. A perte de vue de grands espaces sauvages, arides. Une terre désolée où se succèdent des paysages lunaires et désertiques déclinant tous les tons de gris dans un amas de roches volcaniques aux formes variées.

l'atlas sauvage

Il a beaucoup plu ces dernières semaines. Les champs sont vert et laisse présager d’une récolte abondante. Sur la route, les trous qui jalonnent notre parcours sont bien souvent remplis d’une eau boueuse. Au sortir d’un village, une immense portion de boue nous accueille. Je l’aborde par la droite et risque une chute mémorable. “Pédalant” dans la boue, me voilà repeins jusqu’au genou.

douar situé au bord de l'oued anskmir

paysage sauvage et aride au maroc

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Après avoir effectué un périple étonnant dans des gorges et franchi des cols splendides nous arrivons dans la haute vallée d’Imilchil, célèbre pour sa fête des fiancés et son festival musical.

Les célèbres lacs de Tislit et d’Isli ont donné naissance à une des légendes et les plus belles histoires d’amour racontées au royaume : celles des amants d’Imilchil, village berbère situé à plus de 2000 mètres d’altitude dans le Haut-Atlas. La légende raconte que deux jeunes originaires de deux tribus différentes s’aimaient et souhaitaient se marier. Néanmoins, leurs familles, rivales, s’opposèrent à leur union. Triste de ne pouvoir jamais s’unir, les deux jeunes pleurèrent toutes les larmes de leurs corps et celles-ci formèrent les deux lacs Tislit et Isli.

le lac de tislit proche d'imilchil

Néanmoins, aujourd’hui, un Marocain spécialisé dans les météorites vient briser à jamais cette légende. Les deux lacs se sont formés suite à la rencontre de deux immenses météorites.

Perché dans le Haut Atlas, là où se joignent routes et pistes arrivant des gorges du Todra et du Dadès, niché à 2 300 m d’altitude, Agoudal est reconnu comme le village habité le plus élevé du Maroc. Nous nous arrêtons pour la nuit. Un jeune du cru, nous explique le sens de rotation des tournesols d’Agoudal, tout un poème…
 
le village d'agoudal
 
 
une soirée musical à agoudal
 
Nous quittons Agoudal dans un froid piquant. Nos sièges de moto sont recouverts de givre. Une fois l’école passée, une piste longe de vastes plaines entourées de cimes montagneuses.

Des plates étendues aux monts vallonnés, des reliefs aiguisés aux canyons abrupts : la nature pure, originelle. Le caractère est fort, rustique. Les couleurs tendres et suaves. Ocre, rose, brun, violet, le nuancier s’étire dans un dégradé de pastels chatoyants. C’est certainement l’une des plus belles pistes que nous ayons sillonné sur ce territoire enchanteur. Et à mille lieux à la ronde, le silence pour seul compagnon.

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Une fois le village d’Ait Moussa atteint, nous longeons les gorges du Dades. Le paysage est d’une étonnante diversité où se succèdent vallées fertiles et parois rocheuses dénudées abritant des villages typiques et accueillants. Nous ferons halte sur une terrasse pour profiter des cet havre de paix. Les petits villages vivent des « jardins » cultivés le long des gorges. De profonds canyons mènent aux hauts pâturages ou nomadisent des éleveurs.
 
les gorges du dades
 
La route serpente dans des paysages montagneux, souvent arides et dénudés, ponctués d’une succession de petites palmeraies garnies de cultures céréalières saisonnières, de ksours et vieilles kasbahs typiques du Sud marocain.
D’une beauté brute et captivante, la falaise des “doigts de singe”, aussi appelée falaises de Tamlalt, est certainement l’une des sculptures naturelles des plus courues et visitées de la région.
 
falaise des doigts de singes

A une vingtaine de kilomètres au nord de Boumalne Dadès, nous prenons une piste en direction de Bou Tharar et quittons les gorges du Dadès pour la Vallée des Roses. J’avais déjà emprunté cette piste lors de mon trip de 2017. En duo sur la moto, elle ne nous avait posé aucun problème. Aujourd’hui, du fait des fortes pluies et des inondations de septembre, la situation est tout autre. Toute la première partie s’est transformée en une piste caillouteuse avec des raidillons parfois durs à négocier avec nos motos chargées. Les oueds, aujourd’hui à sec, nous montrent la mesure de la force de l’eau. A plusieurs reprises, nous irons à pieds à la recherche du meilleur passage. Leur franchissement s’avère parfois délicat, autant pour les pilotes que pour les machines.

franchissement d'un oued sur la piste des roses reliant bou tharar
 
La piste s’enfonce vers l’ouest. Le décor change. La terre s’assèche encore un peu plus. Nos motos font voler la poussière. Le massif de granit et de grès nous offre un décor lunaire. Nous avons l’impression d’être seul au monde… peut-être le sommes nous ? Partout des panoramas montagneux, arides et décharnés où se côtoient plateaux, canyons, pics et pitons rocheux… dans un enchevêtrement minéral.
 
sur la piste des roses menant à bou tharar

Maroc
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Un coup d’œil aux environs et on comprend pourquoi on l’a nommé ainsi. Le rose est la couleur locale. Celle du sol et des maisons en terre mais aussi celle des échoppes du coin et même des taxis.  Nous quittons la Vallée des Roses à Kelaat M’Gouna et rejoignons Boumalne Dadès puis Tinghir où nous faisons halte pour la nuit.

La ville ouvre la voie des gorges du Todra et de sa belle vallée encerclée par d’hautes falaises de calcaire qui plongent jusqu’au lit de la rivière. Mais avant toute autre chose, Didier, soucieux de propreté, cherche une station de lavage pour sa GS. Après quelques tambourinements à une porte métallique, un jeune homme s’en vient accomplir sa tâche matinale. Beaucoup de mousse et d’eau pour un résultat finalement moindre, puisqu’après quelques kilomètres seulement la moto est tout aussi poussièreuse. Ne sommes nous pas au Maroc?

Nous quittons la rivière Todra que la route longeait jusqu’alors pour nous rendre à Goulmima par la p7103 et p7101. La terre est inhospitalière et rude. Le moindre filet d’eau est exploité. La vie renaît alors. Les activités sont simples et essentielles: commerce et bergers pour les hommes, champs et récoltes pour les femmes qui triment souvent sous de lourdes charges. Les vaches ne sortent pas et il faut les nourrir à l’étable tous les jours en coupant l’herbe et en la ramenant au village, qui en remorque, qui à dos d’âne et pour les plus pauvres à dos de femmes. La coupe à la main de l’herbage permet de faire plusieurs récoltes sans endommager les champs.

le moyen atlas marocain

Maroc
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champs cultivés à Tihereint Nigrane

Nous traversons des villages perdus comme oubliés du monde moderne. Le vieux ksar de Tadighoust nous regarde impassible. A ses pieds sèchent une quantité de dattes.

le vieux ksar de tadighoust

Premiers palmiers, premiers dromadaires, les chèvres ont remplacé les moutons et le température monte d’un coup. On fait le plein de poussière soulevée par les camions et les bus . On sent la proximité du désert. Assoifé et “plombé” par la chaleur soudaine, on fait une halte pour nous reposer un peu. Histoire d’équilibrer notre température corporel à celle de l’air ambiant.

Direction la bourgade Merzouga envahie par les 4×4 diesel de faux baroudeurs. On cherche un hotel. On se fait pratiquement “harponner” par des rabateurs déguisés en bédouins-touaregs. Nous resterons seul maître à bord.
 
au loin les dunes de merzouga
 
trace de sable à merzouga
 
Et à l’heure où le soleil décline, les reliefs s’accentuent marquant les contrastes. Une lumière dorée couvre le paysage comme pour mieux nous envoûter. Et c’est sous les derniers rayons du soleil que l’on admire la vue sur les dunes.

coucher de soleil sur les dunes de merzouga

Aujourd’hui nous filons en direction de Zagora. Ce n’est pas un itinéraire des plus spectaculaires, mais il nous permet d’atteindre la vallée réputée du Drâa. Coincée entre deux falaises, rectiligne, la route s’étire jusqu’à l’horizon.

sur la route menant à zagora

Maroc
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Comme pour nous surprendre dans notre monotonie rectiligne, la route tourne soudainement. Le village de Taghbalt et ses ruines juchés au sommet d’une piètre colline, nous obligent en une longue courbe à les contourner. Séquence émotion, nous aurions pu nous endormir.

sur la route menant à zagora

sur la route de zagora

Zaroga est la dernière ville saharienne sur la route du désert. C’est aussi la ville d’où partaient les caravanes pour Tombouctou jusqu’au 20ème siècle. Et c’est l’endroit où nous passerons la nuit. Sans trop chercher, nous nous installons dans un immense hotel situé à l’entrée de la ville. Très impersonnel, composé de plus de 500 chambres, il fera néanmoins sont affaire. Dans un coin retiré, peu éclairé, quelques marocains sont accoudés à un bar. Ils regardent un match de foot à la télévision tout en sirottant une bière. Nous en ferons de même.

Après une bonne nuit, nous quittons Zagora pour une destination plus authentique. Fint est son oasis est un écrin de verdure encore préservé du tourisme de masse. Mais il nous faut tout d’abord remonter toute la vallée du Draâ jusqu’à la ville d’Agdz. La route s’étire sur un immense plateau où se jouent une multitude de scènes de vie quotidienne. On passe devant ces femmes qui ramassent des plantes longilignes sur les bords de la route ou sous la palmeraie, des marchands qui « attendent » le client potentiel, des ateliers de réparation de toute sorte. Nous passons tout proche des mines de cuivre et de cobalt de Bou Azzer avant de nous réfugier sur la magnifique piste de Fint menant à son oasis éponyme.

la mine de cobalt de bou azzer au maroc

La piste s’ouvre sur un fond de vallée où coule un maigre ru. Plus haut, nous faisons halte pour admirer un point de vue incroyable, où le regard est happé par les cimes des montagnes qui forment une ligne d’horizon d’une profondeur presque infinie. Au loin, on distingue de rares oasis dont le vert franc des palmiers et amandiers tranche avec les tonalités d’ocre brun, rosé, violacé.

sur la piste de fint au maroc

sur la piste de fint au maroc

A quelques encablures de Ouarzazate, nous pénétrons dans la vallée de Fint. Lieu paradisiaque s’il en est, l’oasis n’est encore accessible que par une piste. Un millier de personnes vit encore dans les quatre villages nichés au bord de l’oued, respectant un mode de vie traditionnel. Enclavée entre des montagnes arides, est parsemée de nombreuses palmeraies, de jardins cultivés avec soin, Fint est un éco-système fragile, certes encore préservé mais pour combien de temps?

dans la vallée de fint

dattes fraiches

Nous profitons d’un succulant repas et le soir plusieurs marocains venus des maisons proches s’installent pour un brin de musique traditionnelle. C’est une musique riche, variée, envoûtante. Elle semble inspirée par la beauté saisissante des paysages rurales marocains.

musique berbere à fint

Aujourd’hui nous prenons la route pour rejoindre Demnate. Nous allons à la rencontre d’une route magnifique, traversant le Haut-Atlas de part en part. Elle a un peu souffert par les pluies importantes de septembre. Parfois de gros rochers encombrent la voie, il nous faut alors les contourner. D’autres fois, c’est un pont qui a disparu mais, quelques dizaines de mètres plus loin, une tranchée nous permet de franchir l’obstacle. Il y a encore les nombreuses coulées de gravas qui nous obligent à rester attentif. Je n’oublie pas ces trous larges et profond qui peuvent “avaler” une roue sans problème. 

Mais pour l’instant nous allons à la découverte d’une kasbah située non loin de notre itinéraire. Majestueuses forteresses de terre rouge ou ocre, elle attire immédiatement notre curiosité. Construite avec des matériaux locaux et parfaitement adapté au climat, la kasbah est un ensemble fortifié. Autrefois, elle jouait avant tout un rôle défensif, tout comme elle traduisait aussi les structures politico-sociales de ses occupants.

la kasbah

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Les parties supérieures de la kasbah sont quant à elles décorées de motifs géométriques d’inspiration berbère que l’on retrouve tant sur les bijoux et les tapis que sur les tatouages que portent les femmes. On distingue des motifs en relief en forme de zigzag ainsi que des formes pyramidales qui évoquent la dune et d’autres, plus géométriques. L’interprétation de ces motifs s’est sans doute diluée dans l’inconscient collectif depuis des générations.

À chaque virage, à chaque nouveau tableau, un nouvel émerveillement. Il y a ces paysages rocailleux qui frappent l’imagination par leur étrangeté, sorte de chaos de blocs de granit rose, éboulis de pierres et mégalithes naturels disséminés de façon anarchique.

sur la route de demnate

Maroc
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Et ces villages aux maisons traditionnelles en pisé parfaitement intégrées au décor, installés dans des lieux enchanteurs, quintessence d’une nature vierge, symbole d’un monde originel épargné des laideurs du monde moderne et des agressions de l’homme. L’Atlas est un univers minéral somptueux.

Maroc
Maroc

Nous rejoingnons notre point d’étape pour la nuit, Demnate. Quel contraste avec le calme que nous vivions auparavant. Ici, tout est effervescence, tumulte et activités débordantes. Partout des étales de fruits, légumes se mélangent aux chaussures et casseroles. Un flot ininterrompu  d’étudiants déambule dans les rues. Les voitures, les vieilles gimbardes, les camions, les piétons se mèlent, se poussent, s’évitent, telles les pièces d’un jeu de tetris. Nous fuyons ce tumultes pour nous réfugier un peu plus haut.

l'hôtel belle vue à demnate

L’hôtel est en rénovation, mais le propriétaire est sympathique. Il nous propose un petit appartement pour un prix dérisoire. La propreté laisse clairement à désirer, mais lorsque les “petites mains” marocaines se mettent à l’ouvrage, en une demi-heure l’affaire est réglée. A grand coup de serpillère le sol, la cuisine et les sanitaires sont ripolinés.  Pour récompenser notre patience, notre aubergiste nous prépare une tagine de mouton d’enfer et même nos motos ont droit à la plus haute considération. Pour notre petit-déjeuner, nous dégustons une succulente “imlite berbère” ainsi qu’au café berbère. Pour le café, c’est une autre histoire. Imaginez un café au gingembre et à la cannelle, ça réveille!!

Maroc
Maroc

Nous prenons la direction d’Azilal. C’est jour de marché et lorsque c’est jour de marché, il faut faire un halte. Dans un premier temps, nous suivons une voiture et… on se retrouve entre les badauds et les étales. Les marocains ont déjà de la peine à circuler dans le peu d’espace qu’il reste, alors imaginez avec nos “grosses”. Pas un mot, la foule s’écarte gentillement dans l’indifférence générale. J’aimerai bien voir ça chez nous…

le marché d'azilal

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le marché d'azilal

Nous quittons l’effervescence du marché pour reprendre route. Après quelques kilomètres, nous plongeons sur le Lac et le barrage de Bin Al Ouidane. Le spectacle est splendide.

le lac de bin al ouidane

Les kilomètres qui suivent se déroulent principalement au cœur de la basse montagne. C’est indéniablement sympa mais bien moins envoûtant que le Haut-Atlas et son habitat berbère si caractéristique. La ville de Moulay Idriss Zerhoun sera notre lieu de villégiature pour ce soir. A notre arrivée, nous nous faisons immédiatement accosté par un marocain soucieux de nous orienter. Mais vu que nous connaissions notre lieux d’hébergement, nous avons gentillement décliné l’offre, malgrès le caractère insitant du bonhomme. C’est le côté parfois un peu lourd du pays, l’aide intéressée est parfois trop pressante. 

le village de moulay idriss zerhoune

Si la ville de Chefchaouen est communément appelée la ville bleue, Moulay Idriss Zerhoune pourrait être la ville verte. C’est un village accueillant de par sa situation car, perché au sommet d’une colline. Cette originalité lui confère assurément un certain charme.

le village de moulay idriss zerhoune

dindons sur la route des cèdres

 

 

C’est avec le ventre bien rempli que nous quittons notre agréable logi qu’est la “Kasbaha SENHAJI”. On file par la p7014 à travers une forêt de cèdres magnifique. Des travaux importants sont en cours de réalisation tout au long de la piste. Souvent, des tas de gravier laissent à penser que prochainement elle se transformera en confortable route goudronnée. C’est un confort certain pour les quelques éleveurs rencontrés sur le parcours. Peut-être que pour les prochains visiteur, la piste n’aura pas le même attrait…

Sur notre chemin, nous croisons des magnifiques “glou-glou”. Ah si Obélix avait été des nôtres…

sur la route des cèdres au maroc

 

Et soudainement, le paysage se transforme, s’adoucit même. Une rivière, sortie de nul part, abrite sur ses berges de petites constructions de bois. Nous n’avons pu clairement identifier le sens donné à ces ouvrages. Peut-être une pisciculture?

Toujours est-il que ce petit endroit apporte son brin de fraicheur et nous témoigne de l’importance de l’eau dans une région finalement relativement aride.

Plus loin, quelques habitations témoignent non seulement de la rudesse du climat, mais également des conditions de vie.

écurie sur la route des cèdres au maroc

carte de menu spéciale marco

 

Nous filons vers Chefchaouen pour y passer notre dernière nuit. Demain, nous reprenons le ferry pour l’Europe. J’apprécie de moins en moins l’environnement que nous arpentons. Les paysages s’urbanisent, la circulation se densifie et le contact humain se pervertit. C’est une sensation qui m’est désagréable car, je regrette déjà le sud, ses habitants et l’esprit qui l’habite.

 

Un dernier “whisky marocain” pour la route…

 

Ce sera son dernier road trip pour Epona qui est partie quelque part dans les Balkans…

2 commentaires sur “Road trip au Maroc 19”

  1. Salam Alekum
    Encore une belle tranche de vie de motard, dans un pays magnifique, racontée de manière limpide, qui donne vraiment envie, d’y aller ou d’y retourner.
    Merci encore pour cette agréable lecture et ces chouettes photos.
    La remplaçante d’Epona est déjà là ?

  2. Je m’en suis séparé avec un léger pincement au coeur… elle m’avait accompagné sur plus de 96000 kilomètre. C’est qu’on s’attache à ces petites bêtes. Sa remplaçante ne devrait pas tarder ;-)… encore quelques semaines de patience…
    Avec toute mon amitié
    Gy

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