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Ottoman bon, Ottoman bien

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le lac de balıklı à sanhurfa en turquie

L’évocation de certaines contrées pousse à révéler toute âme de voyageur.  L’Asie Mineure est l’une d’entre elles. La Turquie, pays immense faisant le lien entre l’Europe et le Moyen Orient, nous ouvre la porte de cette partie du monde. La Turquie, c’est à la fois le témoignage des plus grandes dynasties, des princes de Byzance aux sultans ottomans, en passant par les civilisations hittites. Ce sont les invasions grecques du pourtour méditerranéen et des peuples restés mystérieux, comme les Lyciens. Autant de pans de l’histoire qui laissent leurs traces dans les plus belles mosquées et palais, dans les incalculables vestiges gréco-romains, amphithéâtres, temples et bibliothèques. Sans oublier les cités troglodytes accrochées aux falaises du sud.

La Turquie, c’est aussi le terrain de jeu idéal pour tous les amoureux de nature et de paysages hors du commun, à commencer par les formations géologiques recouvrant les plaines de la Cappadoce et les piscines d’un blanc immaculé du site de Pamukkale.

Ce pays est un fabuleux mélange de beautés naturelles, de vestiges antiques, d’architecture remarquable. A l’automne 2018, j’avais traversé toute la Turquie dans un rythme effréné. Il est vrai que le but du voyage d’alors était alors la visite de l’Iran. Il m’était resté comme un goût d’inachevé, une envie de connaître plus en profondeur cet immense pays. 

7107km                                                                             2/10-21/10/21

Le voyage commence souvent par un long monologue entretenu tout au long de la descente de l’Italie jusqu’à Ancône. Une nouvelle fois, Denis m’accompagne. Nous décidons de passer notre première nuit dans un hôtel proche du port d’embarquement. C’est l’occasion de casser le mythe. Et nous voilà tous au jus. 

Après un bon petit déjeuner, nous reprenons la route pour Ancône. Nous ne sommes pas pressé, nous empruntons la route du littoral. C’est pas le meilleur plan que nous ayons eu. La vitesse horaire chute considérablement. Mais quand on est têtu, on va jusqu’au bout …

L’embarquement se fait en fin d’après-midi. Toujours dans la même précipitation, le chao, les embouteillages et les coups de sifflet.

le port d'ancone

En sortant du ferry, nous ne nous éternisons pas. Un petit-déjeuner prit sur le pouce et nous roulons en direction de la Turquie. Nous faisons halte pour notre première nuit à Kavala. Nous nous restaurons dans un sympathique restaurant en bord de mer où toute la famille s’active à la préparation des olives en vue de leur conservation. Nous profitons de la soirée pour remplir les documents sanitaires nécessaire au passage de la frontière turc. C’est justement à ce moment, l’instant précis où l’on doit mettre son numéro de passeport que Denis se pose la question de la présence ou non de ce fichu document. Toutes les poches sont visitées, le sac de voyage est fouillé, retourné, renversé. Rien! C’est au moment du coucher, dans un cri marquant une victoire face au “Rien” que le document de voyage sort subitement de la trousse de toilette. Ouf!

La douane turc est passée rapidement… enfin presque. Pressé de rejoindre le troisième poste de contrôle, Denis quitte le deuxième avant la fin de la procédure de contrôle. Et hop! retour à la case de départ. Finalement, Denis me rejoint, casqué mais également “bâillonné” par un masque sanitaire 😂. 

La seule façon de traverser le détroit des Dardanelles est de prendre l’un des ferrys qui font la traversée entre Gelibolu et Lapseki. Au abord du port, c’est la foire d’empoigne. De nombreuses files de camions, voitures de tout genre convergent toutes vers le même ferry. Autant vous dire que c’est la crise du logement. En rusant avec les trottoirs et les inter-files, nous pouvons accéder rapidement au bateau. 

passage du detroit des dardanelles

La vie s’organise sur le ferry, durant les 45mn environ que prend la traversée. Pour les plus courageux se tiennent sur le pont, mais le vent souffle assez fort. Pour les moins téméraires, tout est fait à bord pour agrémenter le voyage : fauteuils, salon, bar, friandises, gâteaux … Enfin, l’on accoste à l’un des pontons. Le voyage peut continuer sur la terre ferme. Nous faisons du change et prenons une petite collation composée de quelques brochettes de viande, de riz et de piments verts. Ca réchauffe les piments verts… 

Il est temps de nous mettre en route et nous filons sur Yenice. Nous portons une attention toute particulière au réseau routier turc. Bien qu’immense et goudronné, il n’est pas comparable au nôtre. On y trouve d’autres façons de conduire, d’autres codes et d’autres règles. De plus, surtout en Anatolie, les distances sont très importantes et la moyenne peu élevée. Le périple prend alors une allure de « grand voyage ».

route en turquie

Le soleil est déjà bien bas lorsque nous décidons de nous arrêter pour la nuit. Yenice n’est pas une ville particulièrement attachante, mais pour la nuit, elle fera tout à fait l’affaire. Sur les conseils d’un habitué de la région, nous nous rendons à la pizzeria locale. La pâte à pizza est aplatie à la machine puis, recouverte d’une sauce “bolognaise” au goût douteux. L’ensemble est cuit au four à bois. Comme première expérience culinaire, il doit certainement exister de meilleurs tables, mais pas là. 

confection d'une pizza turc

Nous quittons Yenice pour Bodrum. Depuis notre entrée en terres turques, j’avais hâte de visiter Ephèse. Du fait de notre traversée de la Grèce par le nord, nous n’avons pas vu les célèbres vestiges du Péloponnèse. J’avais eu la chance de découvrir cette partie du monde lors d’un tout récent voyage au Péloponnèse. Côté vieilles pierres, la Turquie n’est pas en reste, loin de là! Puisqu’elle abrite les vestiges des plus grandes civilisations de ce monde, ni plus ni moins !

visite d'euphesus en turquie

Il fut un temps où Ephèse fut un port de commerce important. La mer s’étant retirée, les navires avec. La ville antique est un lieu magique! Un vrai saut dans le passé. Ici, ce sont des dizaines de vestiges en très bon état qui attendent là au soleil : colonnades, pans de murs, sculptures, fresques et mosaïques du plus grand raffinement. Parmi les incontournables, l’amphithéâtre, pouvant accueillir jusqu’à 25 000 personnes fait parti des plus grands vestiges d’amphithéâtres au monde. Plus loin, nous sommes impressionnés par le gigantisme de la bibliothèque de Celsus, dont le fronton entièrement rénové permet de se transporter plus de 1500 ans en arrière. Aujourd’hui, il ne reste de ce bâtiment que l’impressionnante façade. Elle témoigne silencieusement de la stature de la ville en tant que grand centre d’érudition qui recensait plus de 12 000 rouleaux manuscrits.

vestige d'un temple à ephese

Nous avons déambulé plusieurs heures dans les vestiges de la ville antique, grimpés les gradins des théâtres, longé les colonnades des agoras et fait preuve d’imagination pour se figurer la vie quotidienne de l’époque.

L’arrivée à Bodrum, petite ville touristique sur le bord de la mer Égée et face à l’île de Kos, n’est pas vraiment dépaysante en soi car le lieu, comme bon nombre de stations balnéaires méditerranéennes, est très touristique et donc à la mode occidentale. Nous n’y passerons qu’une nuit… sans plus. Pourtant, Bodrum chantait bien à mon oreille… mais il n’y avait aucune poésie dans cette frénésie touristique. 

piments séchant au soleil

Nous quittons le littoral pour Pamukkale. Dans cette ville se situe, accrochée sur une colline, un ensemble de vasques et de cascades pétrifiées d’un blanc immaculé. Sa vision est d’autant plus étonnante que les alentours sont dénudés et arides.

les environs des bassins de pamukkale

Dans chaque voyage, il y a cette recherche de l’exceptionnel, de l’insolite qui parfois titille, qui souvent démange, voir dérange. Cet extraordinaire, je l’apprécie dans les curiosités de la nature. En particulier lors de ces accidents géologiques, botaniques, qui par un heureux hasard donnent des résultats surprenants. La Turquie en recense quelques uns et Pamukkale fait partie de ces lieux fantasmagoriques et pourtant bien réels que seule la nature sait créer.

les bassins de pamukkale en turquie

A première vue, le village de Pamukkale ne nous a pas fait grande impression. C’est en nous rapprochant de ce géant blanc que le charme a commencé à opérer.

les bassins de pamukkale en turquie

Véritable coup de cœur, l’atmosphère de ce site est unique, un vrai moment magique. Pamukkale, ou « le château de coton » est constitué d’une succession d’empilements de bassins naturels. C’est une tufière résultant de la formation de concrétions calcaires. Plus simplement, c’est une source d’eau chaude très riche en calcaire, qui en se déversant forme des cascades pétrifiées faite de dépôt calcaire provoquant un des paysages naturels les plus fous de notre planète !

les bassins de pamukkale en turquie

Cependant, ne nous voilons pas la face, ce site a été très endommagé ! Il fut un temps où les hôtels en contrebas puisaient en toute impunité l’eau des sources, ce qui a entrainé un assèchement d’une très grande partie des bassins. 

les bassins de pamukkale

mongolfieres survolant les bassins de pamukkale

Pamukkale, demeurera également un souvenir mémorable. Lorsque nous arrivons au pied du “château de coton”, rapidement un scootériste nous aborde pour nous proposer un logement. D’abord, nous refusons l’offre, puis gentiment nous nous laissons convaincre… dans un premier temps, pour une visite des lieux. L’aubergiste, parce qu’il s’agit bien du propriétaire du lieu, nous fait visiter une offre d’un “premier prix”. La chambre est sans intérêt, les murs ne sont pas entièrement peints et les wc ne sont pas de première fraicheur. Habillement, notre “guide” nous montre une nouvelle chambre d’un “premier prix plus”. La chambre est toujours d’un goût douteux, mais les murs sont peints et les wc propres.

C’est alors qu’il nous annonce la possibilité de découvrir le deuxième étage avec des chambres d’un “deuxième prix”. Nous arpentons les escaliers pour découvrir une chambre mieux aménagée, mais à nouveau avec des murs pas entièrement peints et des wc d’une propreté hasardeuse. Vient enfin la visite d’une chambre d’un “deuxième prix plus” où là, tout est en ordre. 

Au vu de l’habileté avec laquelle l’aubergiste nous a vendu son produit, nous entamons un fastidieux processus de négociation. Notre intention est claire, le prix fixé doit être revu à la baisse! Après de longs palabres, nous trouvons un accord. Nous prendrons le repas du soir à l’hôtel ainsi que le petit déjeuner. 

Le lendemain matin, vient le moment de quitter notre hôte. Nous devons encore nous acquitter de notre dette. Nous constatons alors que nous avons omis de négocier le prix des repas. Le bougre s’est largement rattrapé, “tel est pris qui croyait prendre”… Pour couronner le tout, Denis ne retrouve plus son porte-monnaie qui contient également tous les documents officiels. Nous tentons de négocier un nouveau prix, et en  parallèle nous recherchons l’objet perdu. La chambre est fouillée de fond en comble, le matelas retourné. Le sac marin contenant toutes les affaires est vidé et les vêtements fouillés. Les abords de la piscine font également l’objet d’une attention particulière. En espérant un brin de pitié de notre aubergiste, je l’informe de notre situation peu avantageuse. Finalement, en fouillant ses poches, Denis retrouve l’objet tant convoité. Le trip peut donc se poursuivre… en direction de Cihanbeyli.

En route, nous nous arrêtons pour nous hydrater. Nous rencontrons deux jeunes fort sympathiques. Avec une succession de “yes Sir” digne des meilleurs Marines, ils nous donnent les renseignements nécessaires sur la route à suivre. Nous avons même doit à une délicieuse petite crêpe turque.